Les premières pluies torrentielles empêchent l’aide de passer

Heavy rains caused major flooding in Pétionville Club, Port-au-Prince. Credits: Caritas/Mathilde Magnier

Heavy rains caused major flooding in Pétionville Club, Port-au-Prince.
Credits: Caritas/Mathilde Magnier

Par Mathilde Magnier

« La boue, la boue ! De la boue partout ! C’est le chaos ici » lance Guylaine, les pieds empêtrés dans 3 cm de terre détrempée par la pluie qui tombe. L’air hagard, la vieille femme contemple avec consternation les restes de ce qui lui tenait lieu d’abri, l’amas de vieux linge et de vêtements qui gît à même le sol, embourbé dans les rigoles d’eaux crasseuses qui ont envahi le camp de Pétionville Club.

Dans la nuit du 18 au 19 mars, les premières pluies torrentielles se sont abattues sur Port-au-Prince, inondant les routes, les habitations, les bâtiments et surtout, les campements de fortune disséminés tout autour de la ville. Depuis le tremblement de terre, peu d’intempéries aussi violentes ont été enregistrées en Haïti. A Pétionville Club, gigantesque terrain de golf reconverti en campement temporaire où près de 40 000 sinistrés vivent entassés, la situation est critique. Particulièrement inadapté pour affronter les conditions climatiques extrêmes auxquelles Haïti est soumis pendant la saison des pluies, le camp menace de devenir un foyer d’épidémies et de maladies.

Toute la nuit, la pluie s’est déversée sans discontinuer sur les pentes abruptes du camp, emportant les tentes, faisant déborder les latrines, renversant les installations. Avec l’humidité, la chaleur se fait plus oppressante, et l’odeur, difficilement soutenable. « Encore trois orages comme celui-ci et le camp se transformera en vrai marécage », s’inquiète un membre de Caritas, venu évaluer l’ampleur de la situation. « Impossible de continuer avec les distributions. La boue est trop importante, les chargements risquent de se renverser et les brouettes utilisées pour transporter les vivres vont s’enliser », estime Marie Mackenzie, en charge de la gestion du camp pour Caritas. « A partir de maintenant, nous allons opérer différemment et avons déjà identifié des points de distribution alternatifs, moins sensibles aux inondations. Mais il faut être très rapides, les gens ont besoin d’aide ».

Déjà, les principales artères qui sillonnent Pétionville Club sont devenues impraticables. La boue empêche les mouvements, ralentit les déplacements. Les gens avancent pas à pas, la plupart nus pieds, et tentent de se frayer un chemin entre les mares d’eau stagnante, où s’entassent vêtements, déchets et détritus au milieu des porcs et des chiens errants.

« Toutes mes provisions sont perdues ! J’avais des sacs entiers remplis de maïs et de pois, ceux qui n’ont pas été emportés sont tellement humides qu’ils vont pourrir !», s’énerve Marie, désignant d’un mouvement de tête les sachets noirs de terre et dégoulinants qui jonchent l’entrée de sa petite hutte. Pour Marie comme pour tous ceux qui tentent de survivre en « faisant commerce », l’arrivée des pluies est un vrai désastre et rend la survie encore plus rude. Tant bien que mal, les petits vendeurs à la sauvette de Pétionville Club remettent les produits qui n’ont pas été trop trempés sur leurs étales et font sécher le reste. Les autres s’arment contre les prochaines pluies, remontent leurs abris ou creusent des tranchées autour de leurs tentes, souvent à mains nues.

Dans le camp, le mécontentement gronde. Si la présence d’humanitaires est accueillie avec soulagement, les slogans anti-gouvernement fusent. « Merci à vous d’être là, merci à Caritas de venir nous aider ! Notre gouvernement nous a abandonné ! Mais où est passé l’Etat Haïtien ? » lance une vieil homme, visiblement excédé par la situation.

Aujourd’hui, la plupart des sinistrés n’ont plus qu’une chose en tête : Partir. «Personne ne veut rester dans une zone comme celle-ci, la vie y est impossible » explique Ernst, 47 ans. Un constat qui devrait faciliter la tâche des autorités, qui ont placé Pétionville Club en haut de la liste des sites prioritaires pour la relocalisation. Pour l’heure, cinq emplacements alternatifs ont été identifiés, dont deux devraient être prêts dans les semaines à venir.

 

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