Le Secours Catholique, avec ses partenaires, a organisé, le 9 février à Dakar lors du FSM, un atelier intitulé « Migrants : pour un accueil digne ! ». Bagayoko Seckna, coordinateur de l’antenne malienne de l’ONG internationale Enda Tiers Monde (Environnement et développement au Tiers Monde), a soulevé la question des enfants migrants et de leurs conditions de vie difficiles.
Qui sont les enfants qui migrent au Mali ?
Ces enfants sont essentiellement des mineurs non accompagnés. Ils sont des centaines à migrer seuls au Mali. Selon nos statistiques, 150 enfants migrants ont été assistés par Enda Tiers Monde en 2010. Ils viennent du Sénégal, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée Conakry et du Niger. Tous les enfants que nous assistons sont des enfants isolés. Ils ont entre 9 ans et 18 ans.
Quelles sont les principales raison qui poussent ces enfants à migrer ?
Elles sont multiples. Tout d’abord, ils migrent pour des raisons économiques. Ces enfants se sentent responsables de la situation financière précaire de leurs parents. Ils choisissent alors de migrer pour chercher de l’argent et l’envoyer à leur famille restée au village. Par ailleurs, beaucoup d’enfants migrent par le canal de l’apprentissage coranique. On les appelle les enfants Talibés. Ils sont envoyés par leurs parents dans un système de formation coranique souvent dans un autre pays. Ces mêmes enfants sont exploités par les maîtres coraniques et beaucoup fuient ces conditions. Ils se retrouvent à la rue à mendier dans un pays qui n’est pas le leur. Cette situation compromettante nous amène souvent à aider ces enfants à rentrer dans leur pays pour rejoindre leurs parents. Dans d’autres cas, ils sont enlevés par des adultes qui les amènent dans d’autres pays et les soumettent à l’esclavage sexuel.
Comment Enda-Tiers Monde au Mali aide ces enfants ?
Nous les aidons d’abord en les identifiant. Puis nous les accueillons dans des centres d’hébergement où ils peuvent dormir, avoir de la nourriture, se soigner et recevoir un appui psychosocial. Par la suite, ceux qui veulent retourner dans leur pays nous donnent des informations sur leurs parents. Enda Tiers Monde étant une association internationale présente dans les quinze pays de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), nos confrères présents dans le pays d’origine de l’enfant cherchent ses parents avec les informations que nous leur transmettons. S’ils parviennent à les identifier, nous procédons au retour de l’enfant dans son pays. Comme nous savons que dans la plupart des cas, les motifs de départs sont économiques, nous mettons en place des petits projets de réinsertion pour que les enfants en bénéficient une fois rentrés dans leur pays. Ce sont des projets de réinsertion scolaire, de formation professionnelle et de réinsertion économique.
Existe-t-il un réseau de protection des enfants migrants au Mali ?
Enda Tiers-Monde au Mali n’est pas seul à prendre en charge ces enfants. Nous travaillons avec Caritas Mali, à travers “Caritas Action enfants de tous”, mais aussi avec la direction nationale de la protection de l’enfance, la brigade des mineurs et d’autres ONGs. Ces associations nous aident dans l’identification, la protection et le retour de l’enfant dans son pays d’origine. Ce réseau a été implanté dans les quinze pays de la CEDEAO pour faire sorte que, dès qu’un enfant est identifié et vient d’un de ces quinze pays, le dispositif l’aide à rentrer dans son pays.
Le gouvernement malien aide-t-il à la prise en charge de ces enfants ?
Notre gouvernement est relativement pauvre mais il nous aide de façon officielle. Par exemple, cela passe par l’établissement de papiers, nécessaires pour le retour de l’enfant dans son pays d’origine. Par ailleurs, l’Etat malien a voté des lois qui protègent les enfants. Toutefois, leur application pose souvent problème.
Quel accueil la population malienne réserve-t-elle à ces enfants migrants ?
La population les rejette. Toutefois, nous faisons en sorte que, à travers des actions de sensibilisation, la population comprenne que ces enfants pourraient être nos enfants. Et que nous avons intérêt à les prendre en charge comme les nôtres pour pouvoir les aider à rentrer dans leur pays ou, s’ils restent, à bénéficier du minimum de protection nécessaire.
Propos recueillis par Clémence Richard
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