Les migrants coincés dans les camps aux frontières libyennes attendent avec impatience de rentrer chez eux

Danielle Leblanc est responsable du programme de Caritas pour le Secours Catholique-Caritas France dans le camp de Shousha, Ras Ajdir, près de la frontière tuniso-libyenne. A travers ce programme, Caritas assiste les travailleurs migrants fuyant le conflit en Libye dans leur rapatriement.

« Tous les matins ils sont là, jusque tard l’après-midi. Ils assiègent nos tentes d’information. » Les trois médiateurs culturels de Caritas Bangladesh et son partenaire, le Centre de développement pour les travailleurs migrants – Okup – sont débordés. « A quand le prochain vol ? Quand est-ce qu’on pourra rentrer chez nous ? » Il n’y a plus que ça qui les intéresse.

Les travailleurs migrants du Bangladesh vivaient en Libye depuis un bon moment. Certains depuis quelques années. La plupart étaient employés sur des chantiers de construction, à Tripoli mais aussi à Brak, Misurata, Nalut. Quand les combats ont commencé, les entreprises pour lesquelles ils travaillaient ont fermé leurs portes et leurs employeurs les ont parfois aidé financièrement à quitter le pays. La plupart se sont mis à plusieurs pour partager les coûts de location de bus qui les amèneraient à la frontière avec la Tunisie. En route, on leur a extorqué tout ce qu’ils avaient : argent, appareils électroniques, téléphones cellulaires, jusqu’aux cartes Sim.

Ce sont de jeunes hommes, le plus souvent sans instruction ; ils ont vingt-sept ans en moyenne. Ils étaient partis loin de chez eux, comme tant de leurs compatriotes, afin d’envoyer un peu d’argent à leurs familles, restées au pays. Contrairement à bien d’autres travailleurs en transit au camp, ils se trouvaient en situation régulière, visa et permis de travail en poche. Certains avaient été abusés par des fonctionnaires corrompus et étaient entrés en Libye par le biais d’une filière de trafic humain ou plusieurs trouvaient leur compte, entre Dacca, les entreprises bidon à Tripoli et les intermédiaires. Mais le conflit a éclaté et ils ont perdu leur travail ; on leur refusait même, à eux et aux autres étrangers, l’accès aux vivres dans les échoppes ! Alors ils ont fui vers la frontière la plus proche : la Tunisie.

Les Bangladais ont formé le groupe le plus important de travailleurs migrants à entrer en Tunisie à la suite du déclenchement des hostilités. Ils ont été environ 22 000 en transit dans les camps de Ras Ajdir depuis le 19 mars dernier, près de 14% de toutes les arrivées.

Cette population présentait un défi particulier en raison du peu de connaissance parmi eux des langues parlées dans la région – la plupart parlent Bangla et plus rarement, l’anglais – de leur grand nombre et de leur isolement. La Caritas du Bangladesh et son partenaire, Okup, en acceptant de déployer trois de ses travailleurs sociaux comme médiateurs auprès des travailleurs migrants, a contribué à faire baisser le niveau de tension et de stress au sein de cette communauté. Ils ont en effet pu, à travers le service d’information et d’orientation de Caritas au camp de Shousha, faciliter leur accès aux services disponibles, plaider en leur faveur afin d’obtenir des vols d’évacuation réguliers vers Dacca, documenter leur expérience et les informer sur les conditions de leur réintégration dans leur pays d’origine.

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