Comment les trafiquants d’êtres humains recrutent-ils

In Nepal, where many people migrate abroad for work, Caritas runs info sessions to warn at-risk groups about human trafficking. Credits: Caritas Nepal

Au Népal, où de nombreuses personnes émigrent pour le travail, Caritas organise des séances d’information pour avertir les groupes à risque sur la traite des êtres humains.
Credits: Caritas Nepal

Par Laura Sheahen 

Voici le premier volet d’un article en deux parties sur la traite des êtres humains. Pour en savoir plus sur comment COATNET aide les anciennes victimes, voir le deuxième volet.

Quand nous avons commencé, au début des années 2000, les annonces dans les journaux étaient le moyen que les trafiquants utilisaient couramment pour attirer les gens”, explique Gabriela Chiroiu de Caritas Bucarest. “Ils offraient des emplois alléchants dans la mode ou la danse, ne nécessitant aucune expérience. Sur l’annonce, il était précisé “de préférence jeunes.”

“En Roumanie, le taux de chômage est élevé. Les usines et les entreprises ne cessent de fermer”, explique Chiroiu. “Les gens pensent : ‘D’accord, le travail qui est proposé n’est peut-être pas le plus beau métier du monde, mais c’est mieux que rien’.”

Or, ces annonces ciblaient précisément les adolescentes pour les faire travailler dans l’industrie du sexe. “Ensuite, on a commencé à se méfier de ces annonces,” dit-elle. “Nous et d’autres groupes vérifiions toutes les agences de mannequins, nous les appelions. Nous avons dressé une liste noire d’environ 20 agences.”

Aujourd’hui, ces annonces sont présentes surtout sur internet. Les criminels changent constamment les stratagèmes dont ils se servent pour exploiter des femmes dans la prostitution, pour escroquer des hommes avec des emplois dans l’agriculture qui ne seront pas rémunérés, ou pour recruter des enfants à des fins de mendicité. Ce qui veut dire que les organisations qui se consacrent à la prévention de la traite des êtres humains doivent elles aussi évoluer sans cesse.

Caritas Internationalis accueille COATNET (le réseau d’organisations chrétiennes contre la traite des êtres humains), qui englobe aussi bien des Caritas catholiques que des groupes protestants et orthodoxes. Lors d’une réunion tenue fin 2011, les membres de COATNET ont discuté des tactiques criminelles qu’ils ont vues au fil des ans, de ce qu’ils voient maintenant, et de ce qu’ils font pour les combattre.

Pour ceux qui veulent partir à l’étranger dans l’espoir d’avoir un salaire plus élevé, les agences d’emploi douteuses représentent un autre piège. “Ils vous prennent votre passeport et votre billet d’avion”, explique Rupa Rai de Caritas Népal. “Puis, à la dernière minute, ils vous disent qu’il leur faut de l’argent pour mener à bien la demande. Les gens vendent alors leurs bijoux, leurs terres, leur maison.”

En Inde ou au Népal, il arrive qu’un ami de la famille raconte à une adolescente qu’elle peut obtenir un travail bien rémunéré comme domestique. Puis, cet ami aide la fille à acheter un billet de train à destination d’une grande ville, et là, elle est vendue à une maison close.

Une autre tactique, c’est l’approche “lover boy”: un jeune homme rôde autour des écoles en quête de filles vulnérables. “Il commence à parler à la jeune fille, à lui faire des cadeaux, à la promener dans sa voiture. Il éloigne la jeune fille de sa famille et de ses amis jusqu’à ce qu’elle n’ait plus que lui”, explique Ivonne van de Kar de la Fondation néerlandaise des religieux contre la traite des femmes.

“Ensuite, le garçon lui dit : ‘Si tu m’aides à payer cette dette, nous pourrons commencer notre vie ensemble’.” Elle finit par travailler pour lui dans une maison close, ou en faisant de la contrebande de drogue”, continue van de Kar. “C’est comme ça que les proxénètes ont toujours trouvé leurs femmes. Les filles croient que le type les aime, même s’il les bat.”

Les grandes manifestations sportives attirent les foules, ce qui permet aux trafiquants de cacher leurs agissements. Sœur Imelda Poole dirige un groupe membre de COATNET en Albanie. Avec un autre groupe albanais, sa congrégation a prévu de participer à la campagne mondiale pour les jeux olympiques et de distribuer des trousses d’informations sur la traite.

Au cours de manifestations sportives, “nous nous organisons pour savoir qui sont les responsables dans les aéroports, les gares, les hôtels”, explique Sœur Imelda. “L’idée est de leur faire parvenir notre trousse d’information et de les instruire pour qu’ils puissent reconnaître une victime de la traite sur un avion ou dans un hôtel.”

Les membres de COATNET surveillent aussi les combines que les trafiquants concoctent pour faire passer clandestinement leurs victimes dans d’autres pays. “Les trafiquants savent que certains jours, à certaines heures, le personnel chargé des contrôles de sécurité est insuffisant dans les petits aéroports irlandais,” explique sœur Maura O’Donohue, à propos des femmes qui font l’objet de traite en Irlande et sont emmenées au Royaume-Uni. “Ces jours-là, les trafiquants prennent des femmes en Irlande.”

Les tactiques et les zones de recrutement changent, mais les membres de COATNET s’adaptent. En apprenant où et comment les trafiquants agissent, les groupes de COATNET peuvent avertir les personnes vulnérables des risques qu’elles encourent, et leur suggérer des stratégies de fuite si elles ont des ennuis.

C’était le premier volet d’un article en deux parties sur la traite des êtres humains. Pour savoir comment les groupes de COATNET font de la prévention contre la traite ou aident les anciennes victimes, voir le deuxième volet

Laura Sheahen est chargée des communications de Caritas Internationalis.

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