L’Afrique de l’Est, un an après

Cash for work program in Ethiopia.

Cash for work program in Ethiopia.

Entrevue avec Shiferaw Mamo, coordonnateur du programme de développement social du Secrétariat catholique éthiopien (Caritas Éthiopie).

La sécheresse et la crise alimentaire de l’été 2011 ont affecté des millions de personnes dans la Corne de l’Afrique. Comment Caritas Éthiopie les a-t-elles aidées?

La situation en 2011 était très critique. Grâce aux organisations membres de Caritas qui nous ont soutenus, nos programmes ont sauvé des vies. Des suppléments de nourriture ont été distribués à des enfants sous-alimentés dans certaines poches par l’entremise des établissements de santé catholiques, et cela a permis de sauver la vie de ces enfants.

De plus, la population n’a pas perdu ses biens. Il y a beaucoup de bergers ici. Dans des endroits comme la vallée du Rift où leur bétail est mort de la sécheresse, nous les avons remplacés : nous leur avons fourni des moutons, des chèvres et des bœufs. Nous avons distribué près de 9 000 poules et plus de 13 000 chèvres. Si nous ne l’avions pas fait, ils auraient pu être forcés de vendre tout leur cheptel pour acheter de la nourriture.

Les gens ont reçu de l’argent par l’entremise de notre programme « argent-contre-travail », ils ont construit des routes rurales ou aménagé des points d’eau ou d’autres infrastructures importantes pour leur communauté. Les projets bénéficient à la communauté tout entière, et ils ont permis à la population d’avoir de l’argent durant la sécheresse, quand leur récolte ou leur bétail s’étiolait et ne suffisait plus à subvenir à leurs besoins. Ils n’ont pas eu à partir s’engager comme travailleurs agricoles pour se nourrir.

Dans les régions agricoles, nous avons distribué plus de 60 tonnes métriques de semences locales comme le maïs ou le sorgho.

Somme toute, nos programmes ont servi plus de 250 000 personnes.

Quelle sorte de travail les gens trouvent-ils s’ils déménagent pour échapper à la sécheresse? 

Certaines personnes cherchent du travail à la journée. Il y a de l’agriculture commerciale ou gouvernementale dans les basses terres à 200 km de distance, où les terres sont irriguées. Il y a davantage de malaria là-bas. Quand les gens déménagent là-bas, leur état de santé se détériore aussitôt.

D’autres vont dans des grandes villes comme Addis-Abeba pour travailler à la journée dans la construction immobilière ou routière. Ils travaillent le jour et passent la nuit dans la rue, parce que la location d’un logement en ville est très chère. Ils ne peuvent se permettre de prendre qu’un ou deux repas par jour, mais ils ne peuvent pas se payer un endroit pour dormir.

Les jeunes viennent à Addis, on peut voir dans la rue des gens qui viennent des régions touchées par la sécheresse.

Si vous allez à Makele et à Adigrat, dans le secteur où nous sommes intervenus, les gens ont pu rester dans leurs secteurs d’origine, les élèves ont continué de fréquenter l’école. Les gens ont pu rester dans leur région d’origine, donc il n’y a pas eu de décrochage scolaire.

Pourquoi le bétail est-il si important pour ces familles? 

Votre vache est votre source de revenu. Vous économisez pendant 10 ou 12 ans pour vous acheter une vache. Une fois que vous la vendez, il est très difficile de la remplacer.

Caritas a donné des bœufs aux habitants afin qu’ils puissent labourer et semer cette année. Les gens cultivent maintenant dans leurs secteurs et ils s’attendent à avoir une récolte.

Qui courait le plus grand danger pendant la sécheresse? 

Surtout dans la région de Vallée du Rift, nous avons ciblé des ménages dirigés par des femmes. S’ils n’ont pas de bœufs, ils risquent d’être déplacés.

Dans notre culture, les femmes ne labourent pas, ce sont les hommes qui le font. Les femmes, si elles ont un bœuf, recherchent un homme qui a lui aussi un bœuf, et il laboure deux jours pour elle, trois jours pour lui.

Quels autres projets Caritas a-t-elle réalisés?

La réhabilitation de l’eau potable, comme le développement des sources d’eau. Nous avons développé des sources dans la région. Ils ont protégé la source, donc maintenant ils ont de l’eau propre et leur santé s’améliore.

La construction de barrages ruraux et de barrages de retenue faisait partie de notre programme « argent-contre-travail ». Les barrages de retenue retiennent l’eau de pluie et réduisent l’érosion. Si l’eau de pluie est conservée dans le sol, il peut produire davantage plus tard – sa fertilité s’améliore. Les gens peuvent planter des pâturages pour les bêtes, comme de l’herbe à éléphant.

Les routes rurales viennent vraiment en aide à la population des régions rurales. Nos projets ont permis de construire ou d’entretenir plus de 150 km de routes. Un homme nous a dit « Nous avions l’habitude de marcher pendant des heures, escaladant la colline raide et portant nos épouses enceintes lorsqu’elles étaient en travail, ou nos voisins malades, seulement pour rejoindre la route principale et trouver une voiture pour nous conduire à un hôpital. Mais maintenant, grâce à la voie d’accès construite par le programme argent-contre-travail, une voiture peut venir nous prendre tout près de chez nous. »

La situation est meilleure maintenant, mais encore difficile. Comment envisagez-vous l’avenir?

Eh bien, il pleut maintenant. Alors nous avons au moins cela. Nous prévoyons promouvoir le projet Relance et réhabilitation après la sécheresse dans diverses régions du pays pour relier les projets déjà amorcés durant la période de secours d’urgence au nouveau projet, de manière à miser sur les acquis et à échapper au cycle de la sécheresse.

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