Du Nigeria en Grece: de la traite a la prostitution

Caritas strives for better economic and social conditions at every migrant's home country, so that emigration will not be the only option left. Here women in Nigeria benefit from a constant supply of water from rainwater catchment tank  provided by CAFOD partner. Credit: CAFOD

Caritas strives for better economic and social conditions at every migrant’s home country, so that emigration will not be the only option left. Here women in Nigeria benefit from a constant supply of water from rainwater catchment tank provided by CAFOD partner. Credit: CAFOD

L’histoire de Rebecca

Un jour, alors que je vendais des oranges à Benin, ma ville natale au Nigeria, une femme m’ a approchée et m’a demandé ce que j’étais en train de faire.

Je lui ai répondu que je gagnais de l’argent pour payer mes études artistiques. J’arrivais à faire 320 dinars par jour (€1,50). Elle m’ a dit que si j’allais en Europe je pourrais gagner €800 par mois comme coiffeuse.

C’était pour moi la chance de changer complètement de vie. La vie était vraiment difficile au Nigeria. Ce fut seulement dans l’avion qui nous emmenait en Grèce que je me suis rendue compte que quelque chose ne tournait pas rond. La femme m’avait remis une pièce d’identité avec un nom qui n’était pas le mien.

Arrivées en Grèce, les autorités ont dit que le document n’était pas le mien, car la date de naissance était 1976, ce qui voulait dire que j’avais 32 ans, alors qu’en réalité j’en avais seulement 20.

J’ai fini en prison où je suis restée 4 mois. C’était l’enfer. J’étais seule, enfermée à clé dans une cellule et personne ne parlait anglais . J’ai pensé : « C’est la fin, je vais mourir ». J’avais si peur, j’étais vraiment déprimée.

Le jour où je suis sortie de prison, la femme m’attendait dehors. Je lui ai dit : « Que voulez-vous encore ? Vous avez changé mon nom, vous avez tout changé
sur moi ».

Elle m’a dit : « C’est la vie .Il faut que tu acceptes ce cadeau de ton nom parce que je t’ai donné ces documents . Et maintenant il faudra que tu travailles parce que tu dois me rembourser ».

Elle a sorti un juju (objet utilisé dans les pratiques de sorcellerie) et m’a dit que cela pourrait me tuer, ainsi que ma famille. Que pouvais-je faire ? Je ne voulais pas mourir.

Elle m’a mise dans la rue et m’a dit : « Si tu ne me donnes pas €50,000, tu meurs ». Je me sentais horriblement mal. La plupart du temps j’ai eu affaire à des hommes mauvais. Ils me battaient, volaient mon argent. S’ils étaient violents je leur disais que j’allais leur rendre leur argent, je ne voulais pas qu’ils me tuent. Parfois ils sortaient une arme et me disaient : « Je veux du sexe libre avec toi ». Que pouvais-je faire ?

J’ai travaillé dans la rue pendant quatre ans, je recevais €30 pour chaque passe. Je devais donner tout ce que je gagnais à cette femme, j’habitais avec elle et je payais aussi le loyer. Je lui donnais environ €1000 par semaine.

Je me regarde à présent et j’ai tellement honte de ce que j’ai fait. Cela fait six ans maintenant que je suis en Grèce. Je n’ai pas de travail, mon compagnon non plus. C’est difficile de donner à manger et d’habiller mes enfants. Caritas nous aide en nous donnant du lait pour les enfants, des couches et des vêtements.

Je veux aller en Finlande car j’ai une amie qui étudie là-bas et elle dit que c’est bien. Les gens sont racistes en Grèce, ils vous traitent comme un animal si vous êtes noir.

Je pense qu’en Finlande je pourrais travailler et les enfants pourraient aller à l’école. Je veux qu’ils aient une vie meilleure, je ne veux pas qu’ils souffrent comme j’ai souffert. Je veux qu’ils ne manquent de rien. Je veux le meilleur pour eux . Ils sont ma raison d’exister.

Je ne veux pas les emmener vivre au Nigeria car ils ne pourraient pas avoir une vie meilleure là-bas. Nous n’aurions pas de quoi subvenir à leur besoins. Le Nigeria me manque, mais le plus important, maintenant, ce sont mes enfants.

COATNET (Christian Organisations Against Trafficking NETwork – Réseau d’organisations chrétiennes contre la traite des êtres humains) est un réseau œcuménique d’organisations qui travaillent avec des Églises chrétiennes. Ses membres ont pris l’engagement commun de travailler ensemble pour lutter contre la traite des êtres humains et pour aider les personnes qui sont, ou ont été, victimes de la traite. COATNET compte 36 organisations catholiques, protestantes et orthodoxes et congrégations religieuses affiliées.

Les membres de COATNET enracinent leur lutte contre la traite des êtres humains dans les mêmes valeurs et principes chrétiens, notamment l’amour de Dieu, l’inviolabilité de la dignité humaine, la solidarité avec les pauvres et la non violence.

*nom fictif pour protéger l’identité

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