Mihaela Condac est coordinatrice des urgences auprès de la Caritas diocésaine Iasi en Roumanie. Elle travaille avec Caritas Grèce pour l’aider à coordonner le travail des volontaires dans leur réponse à la crise des réfugiés.
« Maman, combien de pays devons-nous encore traverser avant d’arriver à la maison ? » demande un enfant qui vient juste de débarquer parmi les 2000 réfugiés et migrants qui arrivent chaque jour sur l’île grecque de Lesbos. 400.000 personnes environ ont transité cette année par la Grèce, mettant sous pression le gouvernement et les agences d’aide qui sont appelées à réagir.
Cette crise constitue un énorme défi pour toutes les organisations Caritas d’Europe et du monde entier. Nous faisons de notre mieux pour aider les réfugiés avec professionnalité et compassion.
Caritas Hellas (Caritas Grèce) est une petite organisation. Le personnel, très peu nombreux, doit traiter quotidiennement les cas d’un nombre énorme de réfugiés. Dans les îles, Caritas Hellas travaille avec des volontaires. Ils ont leurs propres emplois stables, mais font preuve toutefois d’un vif désir de venir en aide aux personnes en détresse
Une volontaire de Caritas et une famille syrienne réfugiée à Rhodes. Source : Natalis Tsoukala/Caritas Internationalis.
« J’ai le cœur brisé en voyant tous ces enfants dormant dans les rues adjacentes au port, attendant leur tour pour monter sur un bateau vers Athènes », dit Magdalena, une volontaire Caritas à Rhodes.
«Parfois je demande un jour de congé pour pouvoir aider la Caritas dans le camp de transit de Kara Tape, où nous distribuons différents articles aux familles les plus vulnérables. Mais nous ne sommes pas formés pour cela », dit-elle.
C’est pourquoi il est si important pour moi d’être sur place. J’ai travaillé dans des situations d’urgence à la Caritas Roumanie pendant dix ans. Je suis venue en Grèce pour aider les groupes locaux de volontaires à être mieux préparés et organisés en vue de la distribution de l’aide. Je leur apprends comment évaluer au mieux les besoins, comment organiser une distribution mais également comment veiller à la sécurité et aux exigences psychologiques de l’équipe. Ce n’est pas facile de travailler dans un tel environnement émotionnel.
Quand les gens descendent des chaloupes ils sont trempés. Les enfants grelottent et pleurent. Ils ont besoin d’ endosser tout de suite des vêtements secs.
A Lesbos ils sont transférés par car dans deux camps où Caritas distribue des sacs de couchage et des nattes aux femmes et aux enfants pour qu’ils passent la nuit au chaud. La température est actuellement en baisse, il fait 15° la nuit et le taux élevé d’humidité accroît la sensation de froid.
A Kos prévaut la même situation. Il y a seulement un camp, trop petit pour le nombre de gens qui arrivent. Caritas était sur place pour distribuer des sacs de couchage et des nattes. Les volontaires ont eu droit à une séance de formation le matin et ont organisé ensuite la distribution.
Nous mettons en pratique ce que nous avons appris. Lorsque cela est possible,
nous impliquons les réfugiés dans la distribution. Ce jour-là Azad, un jeune garçon Afghan qui parlait anglais, nous a aidés avec la traduction. Il a expliqué aux gens que nous fournissions des articles aux plus vulnérables –les femmes et les enfants.
Caritas vient en aide aux femmes et aux enfants à Kos. Source : Natalia Tsoukala/Caritas Internationalis.
A Rhodes, les volontaires ont apprécié de pouvoir bénéficier d’une formation. « Cela nous aide non seulement pour gérer les réfugiés, mais également dans notre travail quotidien avec les pauvres de l’île, qui viennent sonner à notre porte pour demander de l’aide », dit le Père Luke, le curé de la paroisse.
Un pêcheur m’a raconté qu’il a vu une mère et 4 enfants se diriger à pied vers le camp. Ils n’avaient pas de chaussures. Il les a donc transportés en voiture dans un hôtel, sa femme a trouvé des chaussures et a préparé un repas, et ils ont pris soin d’eux.
Le peuple grec a lui-même vécu des moments très durs en raison de la crise économique, mais ils arrivent néanmoins à fournir de la nourriture, des vêtements et des chaussures aux réfugiés. La solidarité est grande malgré le manque de ressources. Caritas essaie d’aider les pauvres en Grèce mais ses moyens sont également limités.
Il y a ici un grand besoin d’aide internationale. C’est pourquoi le réseau mondial de Caritas a mobilisé l’aide en faveur de la Grèce. Nous travaillons sur place avec des collègues provenant de nombreuses organisations Caritas. Ici l’idée d’une famille Caritas prend vraiment du sens, ce n’est pas juste un mot couché sur le papier.