La crise alimentaire s’aggrave au Sahel

Fr. Isidore Ouédraogo, the Secretary General of Caritas Burkina Faso (OCADES) Credits: Caritas

Fr. Isidore Ouédraogo, the Secretary General of Caritas Burkina Faso (OCADES)
Credits: Caritas

La crise alimentaire s’aggrave au Sahel Plus de 800 000 enfants de moins de cinq ans sont menacés de malnutrition sévère au Burkina Faso, en Mauritanie, au Mali, au Niger, au nord du Nigeria et au Tchad. Nous avons parlé de la crise alimentaire avec le père Isidore Ouédraogo, Secrétaire général de Caritas Burkina Faso – OCADES.

Q : Le Sahel fait actuellement face à une grave crise alimentaire. Comment est la situation au Burkina Faso ?

R: Au Burkina, la situation alimentaire reste meilleure qu’au Niger, mais nous devons la surveiller de près. La récolte a été mauvaise en 2009, en partie à cause des graves inondations qui ont frappé plusieurs régions du Burkina. Les inondations ont fragilisé l’économie en général, beaucoup de personnes ont dû vendre tous leurs grains. Et puis, avec les crises alimentaires répétées des dernières années, les gens s’appauvrissent de plus en plus. Les grains et le bétail, dans beaucoup de foyers au Burkina, fonctionnent comme le compte épargne du ménage. Ils constituent les réserves qui permettent de payer pour un parent malade, de financer les fournitures scolaires des enfants, d’acheter les produits nécessaires à une alimentation diversifiée etc. Normalement, les ménages en difficulté vendent en premier leur bétail, mais beaucoup d’entre eux n’en ont plus depuis plusieurs années. En conséquence directe de la crise, les enfants ne sont plus scolarisés, les maladies et la malnutrition se répandent.

Q : Que va faire Caritas pour répondre à l’urgence ?

R : Nous allons intervenir au nord et nord-est du pays, où se trouvent certaines des régions les plus pauvres du Burkina Faso. Nous allons bientôt lancer un appel pour aider environ 1 500 ménages de six personnes en moyenne. Nous fournirons d’une part de l’aide alimentaire d’urgence et d’autre part une aide à la production sous forme de distributions de semences, intrants et outillages. L’aide visera les populations les plus vulnérables, notamment les familles monoparentales, les ménages dirigés par une femme et les familles qui ont été touchées par les inondations.

Q : Comment peut-on lutter durablement contre la faim au Sahel ?

Hunger spreading in West Africa’s Sahel

Hunger spreading in West Africa’s SahelP : ¿Qué hay que hacer para luchar contra la inseguridad alimentaria endémica en el Sahel?

R : La première chose à faire, c’est de revenir vers un accompagnement de la production alimentaire locale. Pendant longtemps, le gouvernement et les institutions internationales ont privilégié la production de coton pour l’exportation. Dans cette logique, les revenus provenant des exportations étaient censés nourrir la population. Cela ne marche pas. Avec les crises alimentaires de 2006 à 2008, cette idée à été remise en question.

La souveraineté alimentaire est importante, il faut produire sur place sinon nous devenons trop dépendants des fluctuations des prix et de la spéculation. De plus, les petits paysans ont besoin de leur propre production pour avoir des revenus. 80% des Burkinabé vivent de l’agriculture. Il faut produire pour consommer, mais aussi pour avoir des revenus. Après, les paysans peuvent toujours décider de vendre leur sorgho pour acheter du riz importé d’Asie, mais c’est leur production locale qui leur permet de s’insérer dans l’économie mondiale.

La crise alimentaire au Niger nous affecte indirectement, car elle fait flamber les prix et encourage la spéculation au Burkina. Les efforts contre la crise doivent être coordonnés au niveau régional, dans le cadre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) par exemple. Une libéralisation sauvage ne doit pas être possible dans un secteur aussi important que la nourriture, un secteur crucial pour la survie de notre population. Ce n’est tout simplement pas juste d’un point de vue éthique.

Q : Comment peut-on aider les petits producteurs agricoles à améliorer leurs rendements?

A : Les agriculteurs doivent s’adapter au changement climatique et aux conditions naturelles difficiles. Caritas leur fournit des semences de bonne qualité, des intrants et des outillages et améliore l’accès à l’eau par la construction de micro-barrages et de puits. La production doit aussi être diversifiée. La nature du sol fait que les Burkinabé cultivent essentiellement du sorgho et des arachides. Mais d’autres cultures sont possibles -haricots verts, pommes de terre, carottes, chou, aubergines ou même des fraises.

Dans la maîtrise de l’eau, nous pouvons évoluer vers les énergies renouvelables, l’énergie solaire par exemple. Une pompe solaire sur un puits qui permet de pomper de trois à cinq mètres cube d’eau par heure peut arroser un hectare tout au long de l’année. Cela peut aider un village entier à avoir des revenus substantiels. Les femmes peuvent travailler dans les champs et envoyer les enfants à l’école.

Le coût d’une telle installation est de 30 000 euros. Mais c’est un investissement durable, le type d’intervention que Caritas privilégie. Bien sûr, nous ne fermons pas les yeux quand les gens ont faim, mais nous cherchons avant tout à mettre en place une amélioration durable. Nous voulons aider les gens à s’aider eux-mêmes.

Il est tout aussi important d’accompagner la transformation et la commercialisation des produits. Prenez la transformation du sorgho par exemple. Dans les villages pauvres, les femmes passent beaucoup de temps à le moudre à la main. Il suffit de leur fournir un petit moulin pour rendre leur travail beaucoup plus efficace.

 

 

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