Le conflit au Mali aggrave la situation dans la région du Sahel

Malian refugees fled their villages after recent outbreak of violence. Credits: CADEV

Malian refugees fled their villages after recent outbreak of violence.
Credits: CADEV

Nous avons été réveillés très tôt par les tirs des rebelles lourdement armés », raconte M. Mahmouda obligé de fuir son village au Mali. « Bien qu’ils ne nous aient pas menacés, nous avons pris peur et tous nous avons pris la direction du Niger pour protéger nos familles. » C’est en ces termes que M. Mahmouda décrit à Caritas Niger son désarroi face à la situation d’insécurité qui règne au Mali.

Quelque 120 000 personnes ont été obligées de quitter leur maison au Mali alors que les combats font rage dans trois des huit provinces du pays. Ce conflit intervient alors que la région du Sahel, en Afrique de l’Ouest, fait face à une crise alimentaire qui pourrait touchée jusqu’à 10 millions de personnes cette année.

Un petit nombre de rebelles menés par les Touaregs a réactivé leur rébellion le mois dernier. Soutenus par des combattants et des armes provenant du conflit en Libye, les rebelles, connus comme le MNLA, ont commencé une série d’attaques contre des avant-postes militaires. Le gouvernement, qui fait face aux élections ainsi qu’à la crise alimentaire, peine à répondre.

Plus de 60 000 personnes se sont enfuies vers la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et l’Algérie. Un nombre semblable de personnes ont quitté les zones de combats, mais sont toujours au Mali. Timothy Bishop, le représentant du Catholic Relief Service (CRS) au Mali dit être très inquiet. Il explique qu’au Mali, les 60 000 personnes qui ont fui les conflits ne peuvent presque pas être rejointes par l’aide. « Ces personnes se sont enfuies vers des zones déjà fortement touchées par la crise alimentaire et l’insécurité empêche les agences internationales de leur porter secours. »

M. Bishop dit que 60 000 ce sont beaucoup de personnes, mais que c’est un nombre qui peut être gérable si les agences d’aide réussissent à se rendre sur place. Il espère que les réseaux locaux de Caritas Mali pourront atteindre ces personnes déplacées ou bien que le gouvernement prendra en considération la possibilité d’instaurer un corridor humanitaire

Au Niger, ce sont des centaines de familles qui chaque jour viennent gonfler le nombre de réfugiés du Mali sur les sites de Chinagoden, Mangaizé, Abala et Ayorou, les villages les plus proches de la frontière. On estime les déplacés à plus de 25 000 personnes sur l’ensemble des sites. Épuisés par les longues marches à pieds, les réfugiés commencent à recevoir de l’aide d’urgence.

Au vu de la situation qui prévaut sur les sites, des dispositions sont prises pour assurer un minimum d’hygiène sur ces camps construits avec de simples étoffes trouvées çà et là, les réfugiés ayant tout abandonné chez eux. Des rations alimentaires sont régulièrement acheminées aux familles en attendant une meilleure organisation. D’ores et déjà, des comités de gestion incluant élus locaux, chefs de village, et habitants hôtes sont à pied d’œuvre pour accueillir, enregistrer et installer les arrivants au fur et à mesure qu’ils arrivent.

« Tous ces gens issus de villages entiers gardent l’espoir d’enfin voir les hostilités s’arrêter », dit Fatchima Karimoun de Caritas Niger. « Ils espèrent ainsi pouvoir rejoindre leurs maisons et reprendre leur vie quotidienne. Ils disent cependant être touchés par l’élan de solidarité des habitants qui ne ménagent pas d’efforts pour les aider alors qu’eux-mêmes vivaient déjà une situation alimentaire très critique. »

Les réfugiés maliens arrivent dans une zone déjà très fragilisée par une sécheresse suivie de récoltes de céréales déficitaires. Cette arrivée massive de réfugiés intensifie la pression sur les ressources. Dans le village de Sinégodar par exemple, la population est passée de moins de 2 000 habitants à plus de 8 000 alors que le village ne dispose que de deux puits et d’une petite station de pompage normalement destinée à l’abreuvement des animaux.

« Lorsque vous parlez avec les réfugiés, vous sentez qu’ils sont épuisés, dit Ali Abdoulaye, représentant de CRS au Niger. Ils semblent habités par un sentiment d’impuissance, jamais ils n’auraient pensé être un jour obligés de fuir leur maison. Dans leurs regards, on a l’impression que les réfugiés cherchent désespérément un espoir auquel s’accrocher. »

CRS, Caritas Niger et d’autres membres de la confédération Caritas Internationalis fournissent de l’eau potable et soutiennent les communautés avec des programmes d’hygiène et d’assainissement ou d’appui à l’activité agricole. Le Groupe de travail de Caritas sur la région du Sahel est réuni cette semaine pour planifier une réponse plus large à la crise.

Sources: OCHA, CRS, CADEV

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