Centrafrique – Les champs ne sont pas cultivés faute d’outils et de semences

Photo par Matthieu Alexandre/Caritas Internationalis

“Vous voyez, ils nettoient le champs de manioc à mains nues. Nous nous sommes fait voler tous nos outils lors d’une attaque des anti-Balakas le 11 janvier”, le ton de Bruno Zamba, chef du village est plus désespéré qu’énervé.

Formées en réaction aux exactions perpétrées pendant des mois par les combattants essentiellement musulmans de la Séléka sur la population, les milices majoritairement chrétiennes anti-balaka s’en prennent depuis à la population musulmane.

Les jeunes ramassent les mauvaises herbes et les branchages comme ils peuvent. Ils ont en tout et pour tout une machette, qu’ils se prêtent la main à la main.

Dans ce même village de Kpalongo, à 15 kilomètres de Bangui sur la route de Mbaïki, en novembre dernier Caritas distribuait des outils et des semences.

Les semences ont été semées mais il faut un an pour que le manioc pousse. Les quelques parcelles de champs qui bordent la route principale n’ont heureusement pas été saccagées. Mais le manque d’outils démotive les habitants d’entretenir les champs.

L’hôpital de Bossemtele.  Photo par Matthieu Alexandre for Caritas Internationalis

L’hôpital de Bossemtele. Photo par Matthieu Alexandre for Caritas Internationalis

Le chef du village a été accusé, sans preuves, de cacher des armes pour la Seleka. Il a été menacé de mort.

« Les anti-Balakas ont débarqué chez moi, ils ont enfoncé ma porte en hurlant. Ils m’accusaient de cacher des armes. Au début, je ne comprenais même pas de quoi ils parlaient. Puis, j’ai vite compris. Ici, on peut être accusé d’un fait qu’on n’a pas commis, par un voisin qui envie votre place ou votre maison. Les anti-Balakas ont mis ma maison à sac, ils n’ont trouvé aucune arme évidemment, mais du coup ils étaient furieux, ils voulaient me tuer, j’ai fui dans la brousse. Ils ont volé tous les outils du village et les semences et denrées stockées. Nous n’avons plus rien, mais c’est déjà un miracle que j’ai la vie sauve » raconte Bruno.

Plus à l’Ouest, à 315 km de la capitale, l’hôpital de Bossemtele, tenu par les Pères camilliens, s’est également vu attaqué, la Seleka tuant 80 personnes dans la ville. L’hôpital accueille encore aujourd’hui des personnes qui arrivent blessées de la brousse.

« Nous avons une capacité de seulement 20 lits » explique le père Camillien, « cela ne suffit évidemment pas. Depuis le mois de janvier nous avons traité plus de 420 patients. Nous avons besoin de lits et de médicaments. Nous travaillons à pousser les murs. Nous sommes occupés à construire une nouvelle salle dans la cour. Cela ne nécessite que des briques et beaucoup de sueur. Mais pour le reste, nous ne pouvons pas trouver les ressources nous-mêmes » conclue-t-il.

Au Nord-Ouest du pays, à Bozoum (380 km de Bangui), « Les enfants peuvent maintenant retourner à l’école », déclare le Père Aurelio Gazzera, et ce depuis quelques semaines. Les attaques qui ont suivi l’annonce de la démission du président de transition Michel Djotodia, le 10 janvier, ont ici aussi déclenché une violence inouïe.

Par Matthieu Alexandre/Caritas Internationalis

Par Matthieu Alexandre/Caritas Internationalis

Le Père Aurelio a manqué d’être tué lorsque des musulmans en colère l’ont attaqué, lançant des pierres sur son véhicule. Deux rebelles Séléka se sont interposés, faisant rempart de leur corps, et lui ont sauvé la vie. Les ex-rebelles de la Séléka se retiraient de Bouar « Ils étaient armés jusqu’aux dents et se sont mis en route en convoi vers le Tchad » témoigne le Père Aurélio. Les rebelles ont incendié 1300 maisons dans les environs, réduites en cendres, laissant plus de 6000 personnes sans abri.

Depuis le mois de février le Père Aurelio approvisionne les réfugiés musulmans en eau potable et en riz à ses propres frais. “L’école a repris, c’est une très bonne chose”, rapporte le père Aurélio, “mais les gens ne sont pas encore retourné aux champs, faute de semences et d’outils, ils n’ont plus rien à manger”, ajoute-t-il.

Caritas Internationalis est en train d’entreprendre un énorme effort de redressement en République centrafricaine, après les turbulences qui ont laissé le pays dans un état de dévastation. Caritas va travailler dans tout le pays, en venant en aide à 100 000 personnes.

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