Migration des enfants au Mexique

MinorMigrantsPar Carlos Guillermo León

La situation de pauvreté extrême, les conflits armés, l’accès limité aux moyens de développement et, dans certains cas, la pression de la famille poussent un nombre de plus en plus important d’enfants et d’adolescents d’Amérique centrale à emprunter les couloirs migratoires, dans l’espoir de franchir la frontière avec les États-Unis, ou à tenter leur chance au Mexique. Ce pays et bien d’autres ont déjà signé divers accords internationaux relatifs à la protection des droits de l’enfant, et introduit dans leurs législations des principes tels que l’intérêt supérieur de l’enfant ou le principe pro persona. Cependant, des questions comme celle de la protection des migrants, en particulier des mineurs, restent une priorité urgente.

À la fin de 2013, l’Institut national des migrations du Mexique a signalé un nombre élevé de migrations impliquant des mineurs . Des organisations telles que Caritas œuvrent pour protéger ces mineurs et font pression pour l’adoption de nouvelles politiques gouvernementales qui donnent une importance capitale au développement intégral de la personne. Par exemple, Caritas Mexique a élaboré des protocoles pour l’accompagnement intégral des migrants, avec une attention particulière aux mineurs, conformément à la loi mexicaine, et a signé un accord de collaboration avec la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH).

Toute violation de la dignité des mineurs, qui sont reconnus comme un secteur vulnérable de la population, est aggravée quand au jeune âge s’ajoute la situation de migrant; c’est pourquoi les gouvernements, les organisations civiles et la société en général doivent déployer des efforts spécifiques et établir un dialogue plus rigoureux. Or, le Convoi des mères centraméricaines, une organisation composée de mères en provenance du Honduras, du Nicaragua, du Guatemala et du Salvador l’a bien compris. D’année en année, elles lancent un appel aux autorités mexicaines pour obtenir une réponse sur le sort de leurs fils, filles et petits-enfants qui ont disparu au cours du processus migratoire.

En octobre 2012, j’ai eu l’occasion de participer à l’un de ces convois. «Nous les avons envoyés vivants, nous les voulons vivants » était l’un des slogans scandés par les mères dans leur parcours sur la voie ferrée, où elles ont rendu hommage avec des fleurs à tous ceux qui ne sont plus là. Disparaître, ce n’est pas la même chose que mourir: on ne peut pas faire son deuil et le désir de revoir la personne reste, ce qui mine profondément les familles.

J’ai accompagné et interviewé des mères lors de leur passage au Mexique. Chacune d’elles portait au cou une photo du proche disparu. C’était déchirant de voir sur ces photos des visages d’enfants. Dilma Escobar de Medina de Progreso (Honduras) était là parce que sa fille, Olga Romero, avait émigré à Tapachula (Chiapas), pour travailler dans une usine et pouvoir envoyer de l’argent pour ses cinq enfants. Le matin du 27 janvier 2010, Mme Dilma a parlé pour la dernière fois au téléphone avec sa fille. Elle attendait son tour pour prendre des photos aux enfants, quand elle a été enlevée, elle a disparu comme emportée par le vent. Dilma a visité Tapachula et les endroits où avait été sa fille et a cherché les colocataires avec qui elle vivait, qui nient l’avoir connue. Olga Romero a été très probablement victime des réseaux de la traite qui opèrent dans le sud du Mexique.

Peu de mères ont pu retrouver leurs proches disparus, mais leur recherche continue. Elles ont continué leur voyage à travers le Mexique et sont arrivées à San Fernando (Tamaulipas), où se trouve le cimetière des migrants. Il a été construit devant l’indifférence de la société, la corruption et l’oubli, à l’endroit où 72 corps ont été retrouvés en 2010, découverts grâce au témoignage d’un survivant. Le massacre a été répété en 2011 et au moins 193 autres corps ont été retrouvés dans des fosses clandestines. La même année, la CNDH a révélé dans un rapport spécial que 11 333 enlèvements de migrants ont été enregistrés sur une période de six mois. Les rapports officiels indiquent que, ni dans un cas ni dans l’autre, il y avait des mineurs parmi les victimes de San Fernando, mais rien ne prouve le contraire.

Un migrant m’a expliqué que “sur les voies ferrées, nous sommes tous pareils, personne ne juge les motivations, on partage les espoirs, les rêves et les craintes“. En faisant appel à cet esprit de solidarité, il est essentiel que les instruments juridiques pour la protection des migrants mineurs déjà adoptées deviennent une réalité. En effet, ces mineurs sont les plus vulnérables parmi les vulnérables.

Être un migrant est une condition qui ne diminue ni augmente les qualités ou les capacités d’une personne. C’est une circonstance qui répond aux besoins humains les plus essentiels : développement, liberté, espoir et bonheur.

Être un migrant n’est pas un crime, mais une lutte pour le développement, ses propres rêves et son propre avenir. Nous devons protéger le noyau essentiel de notre société. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que l’on pourra envisager la possibilité qu’un jour, en posant à un enfant la question: «Que veux-tu faire quand tu seras grand?», il ne sera pas obligé de répondre: « Je veux être un migrant ».

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