Libéria est changée après Ebola

St. Joseph Catholic Hospital de Monrovia (Liberia)

St. Joseph Catholic Hospital de Monrovia (Liberia)

Au cours des ans, j’ai eu le grand privilège de rendre visite et d’accompagner les Caritas et autres organisations d’inspiration catholique d’Afrique dans leur réponse au VIH et au SIDA. À chaque fois, je recevais une grande embrassade d’accueil et de chaleureuses poignées de main, même quand les personnes étaient traumatisées par les lourdes pertes de vies qui découlaient du SIDA.

À l’occasion de ma présente visite au Liberia, toutefois, j’ai connu une « Afrique différente ». Dès le moment où l’avion a atterri à l’aéroport de Monrovia, nous avons été confrontés à des seaux d’eau de javel dans lesquels nous devions nous laver les mains, et à des personnes armées de « thermomètres pistolets » pour prendre notre température avant même que nous puissions pénétrer dans l’édifice du terminal.

La différence la plus frappante avec mes autres visites en Afrique a sans doute été la politique du « ne pas toucher ». Les Africains sont d’habitude chaleureux et physiques dans leur manière de vous accueillir – ils offrent généralement une poignée de main bien sentie. Mais à présent, dans les pays affectés par l’Ebola, tout le monde semble mal à l’aise suite à la nécessité d’éviter tout contact physique afin de prévenir une ultérieure propagation du virus. Sur la route allant à la ville, S. Barbara Brillant, une missionnaire franciscaine de Marie, qui me sert d’hôte, a baissé la fenêtre de sa voiture pour tancer un jeune homme et une jeune femme qui se tenaient la main tout en marchant dans la rue, rappelant à ce couple d’amoureux qu’ils ne devaient pas « se toucher » !

La situation de l’Ebola dans le pays est très sérieuse. En ce qui concerne l’impact de l’infection à Ebola elle-même au Liberia, il y a 914 infections confirmées, 1534 probables et 1005 suspectes – pour un total potentiel de 3458 cas. Morts dues à l’Ebola : 792 confirmées, 623 probables et 415 suspectes pour un total potentiel de 1830 dues à l’Ebola.

Beaucoup d’hôpitaux et de cliniques ont fermé, de sorte qu’il est très difficile d’obtenir un traitement médical pour d’autres maladies. Certaines personnes meurent dans la rue en quête d’un traitement médical pour une infection ou pour tout un ensemble d’autres maladies. Les écoles et beaucoup de bureau du gouvernement sont fermés. Cela signifie aussi que les familles n’ont pas un revenu suffisant pour s’octroyer de la nourriture et d’autres nécessités. Les travailleurs de la santé – médecins, infirmières et autres – ont peur de retourner au travail.

l’impact socio-économique est tout aussi extrême

C’est un pays qui vient de sortir la tête de l’eau après des années de conflit et de guerre, et qui doit maintenant faire la « guerre » à l’Ebola. Dans les communautés où la quarantaine a été imposée afin d’éliminer le risque d’une ultérieure propagation de l’infection, les personnes n’ont pas accès à la nourriture, à l’eau potable et à d’autres nécessités. Il y a une impression générale de traumatisme psychologique et de colère parmi la population. Diverses personnes m’ont confié qu’elles craignaient que l’agitation sociale et les conflits ne reprennent bientôt.

Frère Patrick Nshamdze, directeur de l'hôpital catholique de Saint Joseph, meurt à 52.

Frère Patrick Nshamdze, directeur de l’hôpital catholique de Saint Joseph, meurt à 52.

Comment est-ce que la communauté internationale peut aider ? Il y a encore beaucoup de peur et de déni parmi l’ensemble de la population, si bien qu’il faut des financements pour organiser l’éducation communautaire afin d’encourager les personnes à chercher un traitement si elles montrent des signes de fièvre ou d’autres symptômes. Une meilleure compréhension du besoin de quarantaine pour les patients suspects doit être fournie aux communautés. Un soutien financier et technique pour ces activités a déjà été demandé par Caritas Liberia et par les structures Caritas diocésaines.

Les infrastructures sanitaires du pays ont été faibles depuis de nombreuses années, et l’épidémie actuelle les a portées au point de rupture. Des unités supplémentaires pour diagnostiquer et traiter les patients affectés d’Ebola sont plus que nécessaires dans différentes parties du pays, et particulièrement à Monrovia. J’ai entendu des histoires de patients qui prennent le taxi en quête d’un traitement – sans aucun succès.

L’hôpital catholique de Saint Joseph, à Monrovia, était considéré comme la meilleure structure sanitaire du pays, mais il a fermé après que le directeur et huit autres membres du personnel sont morts de l’Ebola. Aujourd’hui, j’ai parcouru les couloirs de cet hôpital fermé en compagnie d’un des chirurgiens qui a été un temps infecté par le virus mais est maintenant de nouveau en pleine santé. Tristement, il m’a montré les chambres où ses collègues, y compris Frère Patrick, directeur de l’hôpital, sont morts.

Non seulement ces missionnaires médicaux, mais aussi le personnel local avec qui ils travaillaient ont donné leur vie parce qu’ils avaient fait le serment médical de servir toutes les personnes malades et de maintenir la dignité de la personne humaine de la conception à la mort naturelle. Pour eux, la pratique de la médecine n’était pas un « travail », c’était une vocation. Ils sont issus d’une longue lignées de personnes saintes, littéralement une « communion de saints », qui expriment leur croyance en l’évangile de Jésus en servant les autres et en donnant même leur vie par amour pour leurs voisins les plus nécessiteux.

Les Frères de St Jean de Dieu veulent rouvrir l’hôpital mais ils ont besoin à ces fins d’une aide financière – ils devront aussi organiser une unité de dépistage de l’Ebola afin de prévenir une répétition de la propagation infectieuse au sein de l’hôpital. Ils veulent suivre les pas de leurs frères et sœurs dans la vie religieuse, qui ont marché avant eux dans le service aux pauvres au Liberia, mais ils ont besoin de l’aide de la communauté internationale, et en particulier de la Confédération Caritas et de l’Église catholique universelle dans son ensemble, pour ce faire.

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