Des familles syriennes hébergées en Jordanie

Par Romilda Ferrauto, Radio Vatican

En Jordanie, les réfugiés syriens sont en majorité musulmans. Ils proviennent du sud de la Syrie essentiellement rural ; des familles nombreuses, très attachées aux traditions ; les femmes sont voilées, soumises. Le plus souvent, les familles syriennes sont logées dans les quartiers populaires, dans des conditions misérables : les murs sont décrépis, les trottoirs défoncés tandis que les caniveaux charrient une eau boueuse dans laquelle flottent des déchets ménagers. Caritas Jordanie déploie des efforts considérables pour leur venir en aide. Elle prend en charge les frais de logement, envoie ses volontaires effectuer des petits travaux d’entretien, distribue des bons pour les courses. Mais les besoins sont énormes. Caritas Jordanie ne pourrait pas s’en sortir sans le soutien des autres Caritas.

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A Zarka, nous avons visité une famille originaire de Homs qui a fui les bombardements sans rien emporter, puis le camp d’accueil de Zaartari géré par le HCR dans le nord de la Jordanie. Le noyau familial est formé d’une grand-mère et de cinq de ses petits enfants dont les parents sont morts sous les bombes. Le reste de la famille a été éparpillé par la guerre. Ils ont marié la fille aînée, âgée d’à peine 14 ans, pour avoir une bouche en moins à nourrir. Les matelas emportés en fuyant le camp de Zaartari, ils les ont posés à même le sol. L’aîné des garçons, un mineur, travaille au noir et arrive, dans le meilleur des cas, à gagner 60 euros par mois, alors que loyer s’élève à quelque 150 euros. Et pourtant, ils s’estiment privilégiés car ils ont un petit réchaud et une vieille télé. Et pour l’avenir ? Ils n’y pensent pas. Ils s’en remettent à Dieu. « Al hamdoulilah », entend-on sans cesse répéter.

A Amman, plusieurs familles nombreuses partagent un même logement sordide, la même cuisine, la même salle de bain mal équipée, sans chauffage. Un taudis ! Ils sont là depuis août 2012. Leurs maisons ont été rasées au sol par les bombardements. Ils sont venus directement à Amman. Un des hommes de la famille a trouvé un petit boulot au noir dans le bâtiment. Dans un coin, un bébé de quelques jours enveloppé de tissus colorés dort sagement sur une natte malgré les cris des autres enfants qu’on empêche de sortir par prudence. Ils ne veulent pas qu’on les prenne en photo car ils ont peur d’être reconnus. La plus âgée des femmes voudrait rentrer dans son village. Les plus jeunes ne sont pas d’accord. Que pourraient-ils bien faire en Syrie, ils ne sauraient plus où aller. Trois enfants accrochés à ses jupes, un autre dans ses bras, une mère assure que la Syrie était un beau pays. Tout le monde s’entendait bien. Personne dans son entourage ne s’intéressait à la politique. Mais ce pays n’existe plus. Ils ne prennent parti pour aucun des camps en conflit. Ils sont les victimes innocentes d’un conflit qu’ils ne comprennent pas et auquel ils n’ont pas pris part. Mais, nous explique-t-on, ce n’est pas le cas pour tous les réfugiés syriens. Certains ont été endoctrinés par les islamistes, et il y a des divisions profondes au sein des familles.

Dans un autre logis modeste mais soigné, une jeune couple et leurs trois petits garçons ont fui Alep en février dernier, puis le camp surpeuplé de Zaatari, géré par le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés. Tous leurs biens sont restés ensevelis sous les décombres. L’ainé des enfants bute sur les mots. Il a été traumatisé par un bombardement violent alors qu’il jouait dans la rue avec ses camarades. Caritas l’a pris en charge. Le père de famille nous raconte qu’une de ses sœurs a été tuée sous les bombes, une autre a perdu une jambe. Le reste de la famille est éparpillé en Syrie. Mais la mère garde le sourire ; il faut bien, car il faut résister, garder le moral. Si la guerre s’achève, ils rentreront chez eux, même à pied. C’était le paradis, assurent-ils. Mais pour l’instant, ils ont trop peur. Peur de qui ? de tous les camps : du régime, de l’opposition, de Daesh, d’al-Nosra, tous dans le même sac, tous pareils ! A Amman, ils sortent très peu, car ils ont honte d’être des réfugiés. C’est humiliant.

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