Rita Rhayem, directrice de Caritas Liban, dispense des formations sur les standards Sphère depuis 2009. Photo: © Bilal Jarekji / Le Projet Sphère
Pharmacienne titulaire d’un diplôme en gestion de la santé, Rita Rhayem a découvert l’humanitaire grâce à une brève expérience avec Médecins Sans Frontières durant la Guerre du Liban de 2006. « Cet épisode m’a ouvert les yeux et j’ai décidé de travailler dans ce domaine », explique-t-elle.
Un an plus tard, elle entame sa carrière humanitaire au poste de responsable du département de la santé de Caritas Liban. C’est là qu’elle entend parler pour la première fois des standards Sphère. « J’ai compris qu’ils représentaient quelque chose d’important et que je devais en apprendre davantage à leur sujet ».
L’occasion se présente en 2009, lorsqu’elle assiste à un cours de formation aux formateurs en Tunisie. « J’ai découvert Sphère. Pas seulement dans ses aspects relatifs à la santé, mais dans tout ce qui était lié au travail en cas d’urgence. J’ai aimé l’idée que Sphère soit un outil qui mette en place une infrastructure permettant de travailler dans n’importe quelle situation d’urgence, tout en laissant de la latitude pour s’adapter aux contextes locaux ». De retour au Liban, elle a formé des travailleurs humanitaires aux niveaux local et national, ainsi que du personnel de Caritas.
Rita Rhayem est aujourd’hui la nouvelle directrice de Caritas Liban, une organisation qui compte 400 collaborateurs et quelque 3000 volontaires à travers tout le pays. À l’instar du reste de la communauté humanitaire libanaise, Caritas est actuellement aux prises avec les défis découlant de la présence de plus de 1,5 million de réfugiés syriens dans le pays.
En raison de sa taille et de sa présence locale, Caritas a été l’une des premières ONG à apporter son soutien aux réfugiés syriens, leur fournissant nourriture et produits non alimentaires, services de santé, support psychosocial et éducation. « Nous faisons partie de la communauté, ce qui nous permet de nous déployer rapidement ».
La charge que représentent ces réfugiés a un impact conséquent sur la société libanaise. Un certain nombre de réfugiés se trouvent dans des zones de réinstallation, mais beaucoup d’autres vivent au sein de communautés hôtes. « Le Liban a accueilli tous les réfugiés syriens. Toutefois, dans la situation actuelle, la moitié de la population du Liban est réfugiée ou dépend fortement de l’assistance humanitaire », explique Rita Rhayem.
De ce fait, Caritas travaille pour aider aussi bien les réfugiés que les communautés hôtes, lesquelles souffrent des conséquences d’une crise qui a amené 170 000 familles libanaises supplémentaires en deçà du seuil de la pauvreté. « Nous avons déjà eu des projets destinés aux Libanais, et nous nous efforçons de trouver des fonds pour les poursuivre, afin d’atteindre une sorte d’équilibre entre l’assistance aux réfugiés et celle prodiguée aux communautés hôtes ».
L’un des défis auxquels Caritas fait face est de garantir la durabilité de l’assistance humanitaire, puisque les programmes sont souvent financés pour quelques mois seulement. Autre défi, atteindre une coordination et une collaboration entre les ONG. Et bien entendu, le travail se déroule parfois dans des conditions de sécurité difficiles.
Quel est le rôle des standards Sphère ? Comme l’explique Rita Rhayem : « Dans un pays habitué aux crises comme le Liban et au sein d’une organisation comme Caritas qui, de par sa longue expérience, dispose déjà du savoir-faire nécessaire, on se retrouve souvent à former des personnes qui savent déjà gérer les situations d’urgence. »
« Dans un tel contexte, Sphère encadre d’une part le travail du personnel expérimenté en lui simplifiant la tâche, tout en s’avérant d’autre part très utile pour les nouveaux arrivants sans expérience. Ceux-ci peuvent ainsi parler le même langage et disposer d’un outil facile à utiliser et qui les aide à assimiler rapidement toutes les informations nécessaires. Ainsi, Sphère comble l’écart entre ceux qui disposent déjà d’une expérience en matière de situations d’urgence et les néophytes ».