Financement du Développement à Addis-Abeba : étape cruciale pour notre futur

La conférence d’Addis-Abeba sur le Financement du Développement en juillet est la première des trois grandes rencontres internationales de haut niveau qui marqueront 2015. Elle déterminera le niveau d’engagement financier (réformes et moyens) de la communauté internationale pour lutter contre la pauvreté et les inégalités dans les 15 années à venir.

Suivront l’adoption de l’agenda Post -2015 pour le développement durable (dont les 17 Objectifs du Développement Durable) à New York en septembre 2015 et la 21e Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (COP 21) pour le Climat à Paris en décembre 2015.

Lors de ces trois rencontres, les chefs d’Etat devront faire preuve de détermination pour décider du futur de notre planète et mettre en place les trois piliers du développement durable : social, économique et environnemental.

Les équipes de Caritas fourni des secours humanitaire critique dans des domaines clés de l’Ukraine, où 1,5 million de personnes ont fui leurs maisons en raison du conflit armé. Photo par Volodymyr Netchaiev pour Catholic Relief Services

L’ambition qu’afficheront les dirigeants du monde lors de la conférence pour le Financement du Développement est donc cruciale pour la réussite de ces conférences. En effet, sans moyens adéquats pour le financement du développement, l’impact des ODD et d’un possible accord de Paris ne pourra être conséquent. De plus un échec à Addis Abeba risquerait d’entamer la volonté politique de la communauté internationale, avant les autres échéances majeures de 2015.

Les Etats du monde entier souhaiteront-ils remettre réellement l’économie et la finance au service de l’épanouissement de chacun et de la préservation de nos ressources naturelles ? Permettront-ils permettre à chaque pays de pouvoir participer aux décisions économiques et financières ?

Ou les Etats laisseront-ils des acteurs privés, plus soucieux de leurs profits à court terme que du bien commun, renforcer leur emprise sur les choix sociaux et économiques du monde ? Les enceintes restreintes réservées aux plus puissants seront-elles privilégiées pour décider du sort du monde entier et de son futur ?

Les représentants gouvernementaux se doivent de dépasser les intérêts nationaux et les gains de court terme s’ils souhaitent parvenir à un accord satisfaisant pour respecter la dignité et la participation de tous les Etats, notamment les plus fragiles, et ne pas mettre en péril les discussions sur le développement durable et le climat.

L’écart est actuellement gigantesque entre les objectifs recherchés (agenda transformatif, changement de modèle économique et social,…) et les solutions proposées (place accrue des grandes entreprises, règles internationales toujours définies par les pays les plus puissants,…) dans les documents préparatoires.

Caritas Europa demande instamment à l’Union européenne et ses États membres à respecter leurs engagements sur les objectifs sociaux convenus en 2010, et il engage activement dans le débat politique sur la nourriture pour les enfants et de la pauvreté de la famille. Photo par Caritas Europa

D’un côté, les pays riches (pour la plupart membres de l’OCDE) souhaitent faire appel massivement au secteur privé pour financer cet agenda par des incitations et un environnement favorable aux affaires et privilégient les espaces de décision restreints et contrôlés par eux-mêmes (OCDE, G20, institutions financières internationales,…) plutôt que les espaces plus inclusifs (ONU).

Ils refusent par exemple pour l’instant que les règles fiscales internationales puissent être discutées et décidées dans un cadre onusien, préférant l’OCDE dont sont exclus la majorité des pays. Ces derniers ne peuvent donc pas y faire valoir leurs besoins et leurs attentes pour pouvoir mobiliser correctement leurs propres ressources et lutter efficacement contre l’évasion fiscale. C’est aussi le cas des problèmes de dettes, enjeu actuellement traité par le Club de Paris qui ne regroupe que les pays créanciers.

De leur côté, les pays en développement (en général membres du G77 et Chine, soit 134 pays), soutenus en cela par les organisations de société civile demandent des mécanismes plus inclusifs dans des cadres onusiens en ce qui concerne la gouvernance économique et financière mondiale .

Certains de ces pays semblent trop conciliants pour attirer les investissements et/ou peu soucieux de mettre en place des mesures garantissant le respect des droits et de l’environnement. Or il convient de veiller à ce que les grandes entreprises, guidés par la recherche de profits élevés et rapides, soient contraintes de respecter les normes sociales, culturelles, environnementales et fiscales pour assurer une réelle contribution au développement durable.

De plus, on peut craindre que ces facilités accordées au secteur privé engendrent une financiarisation excessive de l’économie avec des conséquences effroyables pour des pays dont les systèmes de supervision bancaire restent fragiles. C’est à la finance de se mettre au service de la réalisation du bien commun et non l’inverse !

Les débats font en outre clairement apparaitre la volonté des pays riches de fondre le processus politique du Financement du Développement dans celui plus large de l’agenda Post 2015 pour le Développement Durable. Or cet espace politique centré sur le Financement du Développement est actuellement le seul au monde permettant de discuter de l’architecture économique et financière globale en regroupant l’ensemble des Etats de la planète et les parties prenantes (agences onusiennes et financières, secteur privé, société civile).

Reléguer ce processus politique au rang de sous partie de l’agenda Post 2015 revient à le faire disparaitre progressivement au profit des cadres très peu inclusifs que sont le G20, l’OCDE ou les IFIs (FMI et Banque Mondiale).

Caritas Internationalis attache une grande importance à la réussite de cette Conférence où les Etats doivent s’engager à financer le développement des pays pauvres et à mettre en place des règles internationales inclusives et équitables, permettant une allocation équitable des ressources et évitant que les activités débridées du secteur privé et des marchés spéculatifs aient des impacts négatifs sur les populations, notamment les plus vulnérables, et sur l’environnement.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Michelle Hough au +39 06 69879721 / +39 334 2344136 ou sur son adresse hough@caritas.va.

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