La réponse à « la crise Ebola » démontre le rôle essentiel des chefs religieux

Les gens passent devant une affiche Caritas dans la rue Savage. Tommy Trenchard/Caritas

Les gens passent devant une affiche Caritas dans la rue Savage. Tommy Trenchard/Caritas

« Quand il y a une crise, la communauté d’aide internationale tend à repousser ou à marginaliser les chefs religieux et les organisations confessionnelles, même s’ils détiennent la clé pour résoudre la crise », a déclaré le père Peter Konteh, qui oeuvre pour Caritas Freetown en Sierra Leone.

« Au lieu de cela, le premier port d’escale devrait être les chefs religieux et les organisations religieuses qui vivent et travaillent sur le terrain. Ils doivent être inclus dans la planification », a-t-il déclaré.

Il a participé au Sommet humanitaire mondiale qui s’est tenu à Istanbul le 24 mai. Celui-ci portait sur l’épidémie d’Ebola dans son pays et sur le rôle des chefs religieux dans la lutte contre la crise.

Lors de la réunion à Istanbul, les gouvernements, le secteur privé, l’Organisation des Nations Unies, les organismes d’aide et les organisations religieuses ont cherché de nouveaux moyens pour servir au mieux les nécessiteux. Le Pape François a déclaré dans un message : « Laissez-nous entendre le cri des victimes et de ceux qui souffrent. Laissez-les nous enseigner une leçon d’humanité. Laissez-nous changer nos modes de vie, la politique, les choix économiques, les comportements et les attitudes de supériorité culturelle. »

Lors de la réunion du premier jour, le Cardinal Luis Antonio Tagle, résidant à Manille, a évoqué l’engagement religieux lors de la Session spéciale.

« Chez Caritas, nous sommes convaincus que l’aide humanitaire consiste essentiellement à inciter les gens à se développer par eux-mêmes mais aussi à croire en leur capacité à reconstruire leur vie et la société. Toutefois, nous ne pouvons pas atteindre cet objectif via une seule et unique approche », a-t-il déclaré.

« La coopération internationale générale doit permettre aux organisations locales de mener des interventions humanitaires en utilisant leurs capacités, notamment la sagesse issue de traditions religieuses, qui rend la compassion et la réconciliation possibles. »

Les chefs religieux présents lors de la réunion à Istanbul dans le cadre du Sommet humanitaire international. Crédit: Patrick Nicholson/Caritas

Les chefs religieux présents lors de la réunion à Istanbul dans le cadre du Sommet humanitaire international. Crédit: Patrick Nicholson/Caritas

Le père Peter Konteh a déclaré que la réponse à « la crise Ebola » insiste sur la nécessité de réformer le système actuel mais aussi d’accorder un rôle plus important aux chefs religieux et aux organisations religieuses.

« Lorsque le virus Ebola a fait son apparition en Sierra Leone, les gens ne comprenaient pas de quoi il s’agissait. Ils pensaient qu’il s’agissait de sorcellerie et n’ont pas accepté l’avis médical. Ils avaient perdu la foi dans les gouvernements et dans les hôpitaux », a-t-il déclaré.

Au départ, l’épidémie en Sierra Leone s’est développée lentement et silencieusement, puis il y a eu une explosion de cas fin-mai début-juin 2014. Les cas se sont ensuite multipliés de manière exponentielle.

« Les leaders chrétiens et musulmans se sont réunis pour sensibiliser la population. Les chefs religieux ont trouvé un moyen d’expliquer l’épidémie. En raison de leur rôle au sein des communautés, ils ont ensuite été écoutés. Nous sommes présents dans chaque village, nous étions donc présents au niveau local pour être en mesure de les atteindre. »

« En ce qui concerne des sujets tels que les enterrements, il était difficile d’accepter que les gens ne puissent pas être présents aux funérailles et qu’ils ne puissent pas toucher aux corps des défunts. Les chefs religieux ont réussi à surmonter cela en expliquant qu’ils seraient présents aux enterrements et cela a apporté un peu de réconfort aux familles », a-t-il déclaré.

 « Comment expliquer à une mère de ne pas toucher son mari ou son enfant malade. J’ai dû faire face à la même situation. J’ai été appelé dans une maison où la mère et le père étaient morts. Une enfant de quatre ans se trouvait entre ses deux parents et tendait les mains pour appeler à l’aide. Nous ne pouvions pas la toucher. Nous pouvions simplement lui jeter de la nourriture comme s’il s’agissait d’un animal. Nous avons appelé une ambulance, mais il lui a fallu 48 heures pour arriver. A ce moment-là, elle était morte. Je dois vivre avec cette douleur et ce sentiment de culpabilité pour le restant de mes jours alors que j’aurais pu en faire davantage. »

La crise immédiate liée au virus Ebola est terminée, mais les gens souffrent encore de problèmes de santé. Caritas soutient des cliniques qui continuent à dispenser un traitement médical aux malades, afin d’aider les personnes stigmatisées à réintégrer leurs communautés. Caritas continue également à travailler avec un grand nombre d’orphelins.

A l’instar de Caritas, les organisations confessionnelles s’engagent à Istanbul, en soutenant et en assurant l’engagement des chefs religieux et en travaillant avec des membres de toutes les religions.

« Certains chefs religieux transmettaient des messages erronés (ils disaient notamment que le virus Ebola était une punition infligée aux personnes ayant péché), a déclaré le père Peter Konteh. « Nous avons dû travailler avec les chefs chrétiens et musulmans pour démentir cette information et pour fournir des conseils médicaux appropriés. En travaillant ensemble, les chefs chrétiens et musulmans, ont incarné l’unité et ont ainsi montré qu’il n’existait qu’un seul Dieu. »

« Le Sommet humanitaire international a constitué une merveilleuse expression de solidarité envers les nécessiteux. Son succès dépend beaucoup des résultats mis en œuvre. Les paroles et les actes doivent aller de pair. »

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