Crise au Venezuela : les volontaires de caritas restaurent la sante et l’espoir

Suivi des enfants risquant la malnutrition

Maria Mendoza ouvre la porte de son allée à Punta de Mulato, au Venezuela, début juin. Elle se prépare à la session hebdomadaire de suivi de la croissance des enfants de moins de cinq ans. Des volontaires de Caritas inspirés à aider durant la crise au Venezuela apportent chaises et tables des locaux de l’église. Une balance est installée, un mètre à ruban scotché au mur, et des sachets à la fraise et à la vanille de nutrialimento, un complément nutritionnel, sont préparés pour être distribués aux participants.

Alors que les mères commencent à arriver, Maria et Miriam Montaño, une autre volontaire ex enseignante à la retraite, les enregistrent à la porte. Cela ne fait que deux semaines que les enfants ont été inscrits au programme SAMAN (Système d’alerte, de suivi et d’assistance nutritionnelle) après avoir montré des signes de risque de malnutrition. Mais déjà, leurs joues se font plus joufflues grâce aux trois collations journalières que fournit le nutrialimento.

Claribel Morales, mother of 3, feeds her youngest son, Yordin, nutrialimento while she waits to have his growth monitored by Caritas Venezuela volunteers.

Claribel Morales, mère de trois enfants, nourrit son plus jeune fils Yordin au nutrialimento, dans l’attente de la mesure de sa croissance par les volontaires de Caritas Venezuela. « Il est beaucoup plus maigre que mes autres enfants », dit-elle en comparant Yordin à ses enfants plus âgés, qui eux sont nés avant la crise. « Ils étaient rondouillard et lui, il est maigre. Je n’ai pas besoin de le forcer pour qu’il boive son nutrialimento. Il en redemande. »

Tout le monde subit les effets de la faim

Maria et Miriam savent interagir avec les enfants, comme tous les volontaires. Tous sont passés par la faim. Tous ont subi l’impact de la crise au Venezuela, avec son inflation galopante qui a anéanti le pouvoir d’achat et porté le salaire mensuel minimum à 1,50 $ par mois, soit l’équivalent d’un kilo de viande. « Cela fait deux ans que je n’ai pas pris de petit-déjeuner », dit María. Miriam ajoute :

« Mon mari a perdu 20 kilos. On n’arrête pas de faire de nouveaux trous dans sa ceinture. On ne peut pas se payer de nouveaux habits. »

À Caritas, ils retrouvent espoir et ont répondu au cri de ralliement lancé par la directrice de Caritas Janeth Marquez, qui a présenté cela comme « l’occasion de sauver la vie de 300 000 enfants. »

Aidez Caritas à sauver la vie des enfants au Venezuela – faire un don à notre appel pour le Venezuela aujourd’hui

Les docteurs enseignent sur l’eau potable

Dans l’allée de Maria, les enfants et leurs tuteurs s’enregistrent et prennent place sur des tabourets bleus en plastique. Albina Rosas, médecin volontaire, commence un discours sur comment fonctionne la nutrition et l’importance de l’utilisation d’eau potable pour préparer le complément nutrialimento. L’eau du robinet n’arrive qu’une fois toutes les quatre à six semaines, et encore, brune et pleine d’impuretés. En réponse, Caritas recourt à ses sessions SAMAN pour introduire des technologies simples de purification de l’eau. Cela comprend la purification solaire et des filtres faciles à fabriquer, ainsi que le fait d’encourager les personnes à toujours bouillir leur eau à titre préventif.

Mme Rosas est particulièrement inquiète quant à l’hygiène et comment des conditions peu sûres peuvent conduire à des infections cutanées et à des problèmes d’estomac. Un pain de savon coute 3 millions de bolivars, plus de la moitié du salaire mensuel, ce qui en fait un luxe que peu peuvent se permettre.

« Soit tu achètes du savon, soit de la nourriture », dit Mme Rosas.

Un enfant atteint d’une infection cutanée peut souffrir de troubles du sommeil, ou pire, risquer d’ultérieures complications.

Le manque d’hygiène de base peut aussi porter des diarrhées, ce qui en peu de temps annulerait les gains de poids et ralentirait encore le développement de l’enfant. Le cout des soins de base est trop élevé et il y a pénurie de médicaments de base sur le marché. Dans ces circonstances, l’apprentissage de méthodes artisanales pour purifier l’eau et d’autres stratégies de survie peut se révéler une question de vie ou de mort.

Caritas Venezuela volunteer Dr. Albina Rosas leads caregivers in a nutrition session and how to protect their children from disease. Children already vulnerable due to under-nutrition have a harder time fending off disease.

Albina Rosas, médecin volontaire de Caritas Venezuela, dirige les adultes dans une session sur la nutrition et sur comment protéger leurs enfants des maladies. Les enfants rendus vulnérables par la dénutrition ont plus de mal à se défendre contre les maladies.

Des maladies communes se transforment en un problème majeur

« L’insécurité alimentaire a conduit à un affaiblissement généralisé de la population dans une mesure telle que des maladies communes qui un temps étaient gérées aux premiers soins ou à travers des remèdes maison sont à présent exacerbées parce que les gens sont affaiblis et que leurs défenses humanitaires sont basses », dit Mme Rosas.

« Nous voyons des enfants qui peut-être viennent à la clinique avec un cas simple d’asthme bronchique, mais à cause du manque de médicaments, d’inhalateurs et d’antibiotiques, ce cas simple tout d’un coup se transforme en une véritable infection respiratoire, voire même une pneumonie. Les enfants peuvent même mourir de maladies qui un temps étaient facilement soignées, au Venezuela. »

En savoir plus sur ce que Caritas fait pour aider les personnes affectées par la crise au Venezuela

Mettre un frein à la dénutrition

La session d’éducation à peine finie, les tuteurs commencent à prendre leurs enfants un par un pour vérifier leur taille, leur poids et leur tour de bras.

Les plus âgés montent sur la balance électronique et regardent les numéros carrés clignoter sur l’écran gris. Le poids des bébés, par contre, est mesuré en pesant les tuteurs avec et sans les petits dans les bras. Chaque gramme gagné est une victoire célébrée en se tapant dans la main ou par une tape sur la tête de P. Alvaro, le prêtre de la paroisse qui est aussi directeur du chapitre local de Caritas.

Aider plus d’enfants affectés par la crise au Venezuela à combattre la malnutrition

Rayonnant de fierté, les mères et les grands-mères emmènent leurs enfants rencontrer les doctoresses Rosas ou Luisa Carlotta Castillo. Dans chaque enfant dont elle s’occupe, Mme Castillo voit le reflet de ses 15 nièces, neveux et petits-neveux. Beaucoup d’entre eux font maintenant partie de la diaspora vénézuélienne.

Fr. Alvaro, left, and Caritas Venezuela volutneer Dr. Luisa Carlotta Castillo, center, discuss how they can assist a grandmother who arrives at the session in search of assistance for her chronically ill granddaughter.

Alvaro, à gauche, et une volontaire de Caritas Venezuela, Mme Luisa Carlotta Castillo, au centre, parlent de comment aider une grand-mère qui arrive à la session en quête d’assistance pour sa petite-fille, qui tombe régulièrement malade.

Mme Castillo roucoule devant les bébés et félicite les mères. « Rien qu’un gain de poids de 500 grammes dans un court laps de temps, c’est déjà significatif », dit-elle.

Douloureusement consciente de la fenêtre de développement critique que sont les 1000 premiers jours d’un enfant, Mme Castillo travaille pour rendre les tuteurs aussi autonomes que possible. Elles leur fournit des conseils sur comment garder leurs enfants en santé et tirer le maximum du nutrialimento qu’ils reçoivent en complément de leurs éventuelles autres sources de nourriture. La faim affecte les enfants davantage que la perte de poids et la léthargie. Elle s’accompagne souvent d’une recrudescence des maladies et d’une perte de jours d’école. Mme Castillo dit :

« Ce travail me valorise. On aide à mettre un frein, et même à renverser la tendance à la dénutrition. Si on peut améliorer la condition de ces enfants, qui autrement risqueraient de souffrir de troubles cognitifs, ce qui pourrait affecter leur capacité à gagner leur vie à l’avenir, on peut renverser l’impact sur le long terme de la faim que nous affrontons en ce moment-même. »

Création d’un filet de sécurité nutritionnel

Maria a préparé quelque chose de spécial pour les familles – de la chicha, une boisson sucrée faite à base de riz, de sucre et de lait. Les enfants rodent autour du bol en plastique dans l’espoir d’un second tour, alors que les volontaires contrôlent les données de chaque enfant sur un tableau de renseignements nutritionnels préparé par l’Organisation mondiale de la santé. Les volontaires sont méticuleux dans l’enregistrement de chaque détail. On peut les voir vérifier et revérifier à quelle zone l’enfant correspond – la zone de santé verte, la zone de mise en garde jaune, ou la zone rouge qui alerte l’équipe que l’enfant souffre de malnutrition grave.

Les statistique récoltées aux sessions SAMAN de Caritas donnent un tableau concret de la crise de la faim au Venezuela et aident à aident à remplir le vide, en l’absence de statistiques officielles. Le gouvernement n’a plus fourni de données autorisées depuis 2009, ce qui rend la vie difficile aux organisation qui veulent quantifier la gravité de la crise.

À ce jour, plus de 15 000 enfants de moins de 5 ans ont été évalués par Caritas. Et plus de 10 000 d’entre eux ont eu besoin d’être inscrits à un ultérieur programme de soutien nutritionnel.

Au-delà de ça, ces programmes aident l’Église à juger s’il y a encore besoin d’aide et de réponse en nature. Par suite du programme SAMAN, P. Alvaro a lancé une ‘olla comunitaria’. C’est là une soupe populaire qui fournit de la soupe aux personnes les plus vulnérables, comme les enfants et les personnes âgées. Récemment, sa fréquence est passée d’un à trois jours par semaine. La branche éducative de l’Église a en outre perçu un besoin de compenser les journées d’école perdues et a ainsi enregistré des programmes éducatifs à diffuser à la radio.

En savoir plus sur comment Caritas aide les personnes qui n’ont pas assez à manger au Venezuela

The Caritas Venezuela 'olla comunitaria' (community pot) in San José de Obrero Church started off serving 40 people and has now grown to feed more than 500 each week.

La ‘olla comunitaria’ (soupe populaire) hebdomadaire à l’église de San José de Obrero a commencé en servant 40 personnes et en est à présent à plus de 500 bouches nourries chaque semaine.

Retrouver la joie de l’enfance

Avant que les tuteurs partent, on leur tend de nouveaux paquets de nutrialimento à pour aider les enfants à se sustenter jusqu’à la prochaine session de suivi. Les résultats sont prometteurs : en seulement deux semaines, 14 des 16 enfants traités ont significativement pris du poids, ce qui les a fait passer de la zone jaune « à risque » et rouge « malnutri » à la zone verte.

Pour Mme Rosas cependant, le meilleur indicateur de progrès ne se trouve pas dans les nombres, mais dans les sourires et les réactions qu’elles voit chez ses jeunes patients. « Il ne s’agit pas seulement de reprendre du poids », dit-elle, « le poids n’est qu’un indicateur. Quand tu vois un enfant qui redevient réactif, qui répond à tes questions et est tellement énergique que sa mère ne sait plus comment le faire tenir en place, c’est ça la plus grande satisfaction. On voit des enfants retrouver la joie de l’enfance. »

Aider plus d’enfants à retrouver la joie de l’enfance

Milena Sosa, 34, with her daughters Barbara, 4, and Estefany 22 months, with their nutritional supplements given to them by Caritas Venezuela volunteers.

Milena Sosa, 34 ans, avec ses filles Barbara, 4 ans, et Estefany, 22 mois, qui tiennent leur compléments nutritionnels fournis par des volontaires de Caritas Venezuela.