Les incendies de la forêt tropicale amazonienne sont intentionnels et les gens ont très peur. C’est ce dont les communautés indigènes informent Caritas au moment de la préparation du Synode sur l’Amazonie.
Alors que de nouvelles photos de Caritas montrent des incendies dévastant la forêt tropicale brésilienne près de Novo Aripuanã, les communautés indigènes expriment leur consternation devant l’impunité apparente avec laquelle la déforestation illégale leur arrache leurs terres ancestrales. Cette année, plus de 100 000 incendies ont été enregistrés au Brésil à la fin du mois d’août, dont 73 000 en Amazonie, suscitant un tollé international, notamment de la part du Pape François.
« Nous nous sentons abandonnés par le gouvernement », nous dit un chef de la communauté Tururukare dont nous tairons le nom. « Le problème des incendies n’est pas nouveau, mais avant, ça se passait de manière cachée. Maintenant, c’est à ciel ouvert. »
Les incendies les plus proches sont à seulement une heure de route et cette communauté autochtone se sent menacée car ses moyens de subsistance dépendent entièrement de la forêt : pêche, cueillette de plantes comme nourriture et remèdes traditionnels, artisanat. À neuf ans, la fille du chef, apprend déjà ces compétences, sachant très peu des menaces qui l’attendent. « Nous craignons pour l’avenir de nos enfants », dit son père avec tristesse.
Des incendies provoqués par l’homme
Les communautés indigènes et autres soutenues par Caritas n’ont aucun doute sur le fait que les incendies sont provoqués par des agriculteurs sans scrupules pour s’approprier des terres qui devraient être protégées par la loi en tant que forêts nationales et territoires indigènes.
L’Institut national de recherches spatiales du Brésil (INPE) a déclaré que la plupart des incendies en Amazonie sont causés par des activités humaines. Les données du satellite de l’INPE indiquent une augmentation de 85 % des incendies dans tout le Brésil par rapport à l’année dernière.
« L’Amazonie est gravement menacée par l’expansion massive des ranchs de bétail, des plantations de soja, l’exploitation minière, la déforestation et l’expulsion de communautés de leurs terres », prévient José Batista Afonso, avocat des droits de l’homme à la CPT, la Commission pastorale pour la terre, partenaire de Caritas dans l’état du Pará.
« Nous sommes au milieu d’un grand conflit », ajoute Batista. « D’un côté, ceux qui luttent pour protéger la forêt et ses habitants, de l’autre, ceux qui veulent la détruire. » Seulement à Pará, la CPT a enregistré plus de 900 meurtres de travailleurs ruraux et de défenseurs des droits à la terre en 50 ans.
Les nouvelles photos de Caritas montrent des incendies constants le long de routes entourées d’une intense activité humaine près d’Apuí, à proximité des territoires indigènes de Tenharim et de Jiahuí, dans l’État d’Amazonas.
L’Amazonie au cœur de l’Église
La crise souligne l’urgence du Synode sur l’Amazonie. Le Pape François a demandé que les incendies soient maîtrisés le plus rapidement possible.
Le Synode (« Amazonie : Nouveaux Chemins pour l’Église et pour une Écologie Intégrale ») mettra en lumière l’extrême gravité avec laquelle le Pape François considère l’impact de la destruction de l’environnement sur les communautés locales.
« Au lieu de signes de vie, l’Amazonie émet déjà des signes de mort… » avertit Mgr Evaristo Pascoal, Évêque de Marajó, qui a participé à un « Acte en défense de l’Amazonie » qui s’est tenu à la Chambre des représentants du Brésil le 5 septembre.
« En Amazonie, il existe le modèle de ceux qui vivent et ont toujours vécu en Amazonie, ses peuples traditionnels, et puis il y a le modèle de ceux qui viennent détruire, dépouiller et brûler la forêt et contaminer l’eau. »
Une lettre a été remise au gouvernement brésilien par des membres de l’Église en Amazonie et le REPAM (Réseau panamazonien de l’Église), partenaire de Caritas, dénonçant le « système de prédateurs » qui est en train de détruire la forêt et la vie de ses habitants.
Point de non-retour
Le REPAM, qui a facilité la consultation de 87 000 personnes en vue du Synode, l’a dit clairement :
« À l’heure actuelle, le changement climatique et l’augmentation de l’activité humaine (déforestation, incendies et modifications dans l’utilisation des terres) poussent l’Amazonie vers le point de non-retour. Nous appelons toute l’humanité à prendre conscience de la grave menace que représente cette situation. »
Les Évêques d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAM) ont aussi fait entendre leur voix. « Si l’Amazonie souffre, le monde souffre », ont-ils déclaré dans un communiqué du 22 août. C’est une crise « d’ampleur planétaire », préviennent-ils.
Les partenaires de Caritas dans toute l’Amazonie aident les communautés à défendre leurs droits et leur territoire contre cette intimidation brutale. Le réseau de Caritas Brésil, composé de 29 membres en Amazonie, s’emploie à renforcer et à soutenir les peuples traditionnels du pays : groupes indigènes, riverains et Quilombolas (descendants d’esclaves afro-brésiliens), ainsi que les populations urbaines vivant dans des conditions économiquement vulnérables.
Caritas travaille également sur le changement climatique et la gestion des risques de catastrophe, en soutenant les migrants et les réfugiés et les droits des enfants.
Caritas Internationalis et les Caritas locales des neuf pays amazoniens participeront activement au Synode du mois prochain. De nombreuses initiatives de campagne sont prévues pour donner suite à ses recommandations.
Comme le dit le Cardinal Tagle, Président de Caritas, « ce qui se passe en Amazonie affecte le monde entier. Nous devrions donc vraiment prendre soin de notre maison commune. »
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