Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié – Que demeure l’amour fraternel !

26 septembre 2021

Déclaration du Groupe de Travail sur les Migrations du Forum International des Organisations d’Inspiration Catholique à l’occasion de la 107e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié 26 septembre 2021

En tant que Membres du Groupe de Travail sur les Migrations convoqué par le Forum International des Organisations d’Inspiration Catholique, nous écrivons cette réflexion à partir de notre propre expérience dans l’accomplissement du mandat fondé sur l’Évangile: “Que demeure l’amour fraternel ! N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges.” (Lettre aux Hébreux 13, 1-2).

Chaque jour, nos organisations s’engagent à réaliser des rencontres personnelles significatives avec les réfugiés, les migrants, les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et celles affectées par la traite des êtres humains et d’autres formes d’esclavage moderne. Ces frères et soeurs sont au centre de nos soins et de notre accompagnement ; c’est auprès d’eux que nous apprenons à espérer, à ouvrir nos coeurs et à aimer comme Jésus nous l’a enseigné.

Caritas volunteer distributing food to Syrian mother and child.

Photo par Natalia Tsoukala/Caritas Internationalis

Avec les églises locales et d’autres communautés de foi, nous cherchons à répondre aux besoins humains fondamentaux de ces personnes contraintes de fuir leur foyer et leur pays en leur fournissant des soins pastoraux et sanitaires, une protection et un abri, une éducation formelle et informelle, une assistance juridique, des cours de développement personnel et d’orientation professionnelle, et des possibilités de création d’entreprise, tout au long de leur parcours migratoire, des pays d’origine aux points de transit et d’arrivée, partout dans le monde. Nous nous associons aux personnes migrantes et réfugiées pour exiger des États des politiques de migration et d’asile justes et équitables et promouvoir le renforcement de leurs capacités et leur pleine intégration, dans un processus d’interaction entre les communautés d’accueil et les personnes immigrés, afin de construire ensemble une société inclusive.

C’est pourquoi nous accueillons avec joie la célébration de la 107e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, promue par l’Église catholique. À cette occasion, nous souhaitons exprimer notre gratitude au Saint Père pour son message intitulé “Vers un “nous” toujours plus grand“, à travers lequel il invite les fidèles catholiques et tous les hommes et toutes les femmes du monde, “à marcher ensemble vers un nous toujours plus grand, à recomposer la famille humaine, pour construire ensemble notre avenir de justice et de paix, en veillant à ce que personne ne reste exclue.”

Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des défis majeurs, car la crise du COVID a révélé et augmenté les inégalités structurelles dans le monde, en exacerbant la situation de vulnérabilité des personnes migrantes. Beaucoup d’entre elles sont privées de la possibilité de franchir les frontières et ne peuvent plus compter sur les certitudes minimales sur lesquelles elles ont construit leur vie et leur avenir. Un certain nombre de migrants travaillant dans le secteur informel se voient refuser par exemple l’accès aux soins de santé et aux vaccinations garantis aux citoyens et les enfants et adolescents migrants et réfugiés n’ont pas accès à l’éducation et aux cantines scolaires, en courant donc plus de risques de tomber dans des situations d’exploitation et d’abus. Nous partageons donc la préoccupation profonde du Pape François qui craint qu'”Après la crise sanitaire [du COVID-19], la pire réaction” soit de “nous enfoncer davantage dans une fièvre consumériste et dans des nouvelles formes d’auto préservation”. Nous prions donc avec lui pour que “en fin de compte il n’y ait pas les autres, mais plutôt un nous !” (Fratelli Tutti, 2) Nos rencontres quotidiennes avec les migrants confirment enfaite sa constatation que le prix le plus élevé […des nationalismes fermés et agressifs et de l’individualisme radical”] (Fratelli Tutti, 11, 105)4 est payé par ceux qui peuvent le plus facilement devenir les autres: les étrangers, les migrants, les marginaux, qui habitent les périphéries existentielles”.

Kos island in Greece, Caritas volunteer distributes food to migrants.

Photo par Natalia Tsoukala/Caritas Internationalis

Nous sommes profondément attristés par les murs érigés le long des frontières nationales pour repousser les migrants et les réfugiés désespérés qui cherchent la sécurité, la protection et une chance de retrouver leur dignité humaine donnée par Dieu. Une étude récente rapporte l’existence de pas moins de 63 murs et barrières physiques construits dans le monde aujourd’hui pour protéger les frontières ou bien dans des territoires occupés4. Il y en a des centaines d’autres si l’on considère les nombreux pays qui ont militarisé leurs frontières en déployant des troupes, des navires, des avions, des drones et une surveillance numérique. Les accords régionaux visant à externaliser la gestion des contrôles aux frontières ont érigé des barrières supplémentaires qui empêchent les migrants et les demandeurs d’asile d’atteindre une destination sûre. C’est pourquoi il est crucial d’appeler les gouvernements à garantir des voies de migration sûres, ordonnées et régulières et la pleine conformité des lois et politiques des États avec le principe de non-refoulement. Même nos propres actions humanitaires, pastorales et de plaidoyer sont parfois mises en danger par les politiques punitives des gouvernements nationaux et des autorités locales.

Au niveau local, dans certaines de nos communautés de foi, des réactions de peur, de discrimination et de rejet ont empêché les migrants et les réfugiés de faire l’expérience du visage maternel de l’Église. Une profonde conversion des coeurs et une culture de la rencontre sont nécessaires pour que les personnes migrantes soient véritablement placées au centre de la vie communautaire et que leur dignité unique, leur histoire et leurs trésors culturels et spirituels soient pleinement respectés et valorisés. Rejetant les tentatives de construire des murs et des barrières entre “nous et eux”, le Saint-Père nous invite tous à nous sentir comme des membres de l’unique Église, résidents dans l’unique maison, membres de l’unique famille. De même, il nous a exhortés à d’autres occasions à prendre conscience que “[…] nous ne vivons pas à une époque de changement, mais plutôt un changement d’époque”. …. Notre époque nous appelle à vivre les problèmes comme des défis, et non comme des obstacles : le Seigneur est actif et à l’oeuvre dans le monde… Où que vous soyez, ne construisez jamais des murs ni des frontières, mais des places et des hôpitaux de campagne”. 5

Shelter for refugees on Rhodes in Greece.

Shelter for refugees on Rhodes in Greece. Photo par Natalia Tsoukala/Caritas Internationalis

Dans ce temps crucial de pandémie et de planification de la reprise, nous engageons donc conjointement nos organisations respectives à demander aux gouvernements, à la communauté internationale et au secteur privé de veiller à ce que les vaccins, ainsi que les traitements et outils diagnostiques et thérapeutiques, soient équitablement partagés avec tous, y compris les populations les plus pauvres et les plus vulnérables – par exemple les migrants, les réfugiés, les demandeurs d’asile et les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Veiller à ce que tous les migrants, y compris les migrants en situation irrégulière ou en transit, ne soient pas isolés ou laissés derrière dans les campagnes de vaccination anti-COVID-19. Leur accès aux soins de santé universels devrait devenir une priorité pour nos décideurs politiques et une façon concrète de réaliser l’appel du Pape François à un “Nous” toujours plus grand.

Ayant appris et reçu beaucoup plus que nous ne pouvons donner à travers nos rencontres avec les réfugiés et les migrants, nous comprenons pleinement et partageons le sage conseil du Pape François selon lequel “les migrations contemporaines nous offrent l’opportunité de surmonter nos peurs pour nous laisser enrichir par la diversité du don de chacun. Ensuite, si nous le voulons, nous pouvons transformer les frontières en lieux de rencontre privilégiés, où le miracle d’un nous de plus en plus grand peut s’épanouir.”

Nous prions pour que nos efforts concrets et continus dans la marche “Vers un ‘Nous’ toujours plus grand” aident les gouvernements, les organisations multilatérales, le secteur privé, les personnes de foi et de bonne volonté et la famille humaine tout entière à construire un monde qui respecte et assure la pleine jouissance des droits et de la dignité, et qui promeut la paix, la solidarité et le développement humain intégral. Un monde où les réfugiés, les migrants et toutes les personnes en marge participent pleinement et activement à la vie de la communauté. En cette 107e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, le Pape François nous invite à “ne pas avoir peur de rêver et de le faire ensemble comme une seule humanité, comme des compagnons de route, comme les fils et filles de cette même terre qui est notre maison commune, tous frères et soeurs”. (Fratelli Tutti, 8)

Le Groupe de Travail sur les Migrations du Forum International des Organisations d’Inspiration Catholique

Photo by Nicholson/Caritas

 

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