Caritas Internationalis, réseau international dont le Secours Catholique est membre, a tenu mardi 8 février, lors du Forum social mondial, un atelier sur la migration comme conséquence du changement climatique. Les membres de Caritas reviennent sur ce phénomène dans leur pays et apportent des solutions.
Raymond Yoro, secrétaire général de Caritas Niger
« Le Niger compte une population composée à 80% d’agriculteurs. Or ces derniers temps, la saison des pluies diminuent. Actuellement, le nord du pays n’a plus qu’un mois de pluie, impactant ainsi très fortement l’agriculture qui ne peut se développer. Ce phénomène pousse de nombreuses personnes du milieu rural à se déplacer dans les grands centres du pays, voire même à quitter le Niger dans l’espoir de trouver des endroits plus cléments pour pratiquer l’agriculture. Ainsi les régions du Nord du Niger se vident et les zones du sud sont surexploitées. Le Niger est également un pays d’élevage. Or les éleveurs du nord sont contraints de quitter leurs villages à cause du manque de points d’eau et d’herbe, un manque qui crée de fortes tensions entre les agriculteurs et les éleveurs. Toutefois des ONGs amènent la population à utiliser des semences précoces, la saison des pluies n’étant plus garantie.
Caritas Niger travaille avec les populations en vue d’exploiter les points d’eau et de créer des compléments alimentaires. Nous travaillons également avec un certain nombre de groupements de femmes et d’organisations dans ce but. Par ailleurs, nous cherchons à mettre en place des semences précoces dans certaines zones pour permettre une exploitation rationnelle des pluies. »
Francis Atul Sarker, directeur des projets de développement à Caritas Bangladesh
« Le Bangladesh est très vulnérable au changement climatique car il se trouve sur le plus large delta du monde. De plus, la densité de population est très élevée : 1000 habitant par kilomètre carré. De fréquents cyclones et inondations frappent notre pays. Par ailleurs, la montée du niveau de la mer nous menace. Les scientifiques estiment que d’ici 2030 au moins 3 millions de personnes devront être déplacées à cause de la montée du niveau de la mer. Et cet exode est déjà en cours actuellement ! Dernièrement, 700 personnes ont quitté trois villages dans le sud du pays en un an. La production de riz et autres cultures décroit à cause du fort taux de salinité des terres. La biodiversité et d’autres ressources naturelles en sont fragilisées. Ainsi le niveau de la pauvreté augmente. Au contraire, le nord du pays souffre de la sécheresse due à l’assèchement d’une rivière que nous partageons avec l’Inde. La nappe phréatique baisse et la végétation diminue, avec pour conséquence la difficulté pour les agriculteurs à cultiver. Par ailleurs, le Bangladesh compte le plus grand nombre de paysans sans terre. Au moins 60% de la population est sans terre. La sécurité alimentaire est donc un grand problème. Enfin, le changement climatique a également des effets négatifs sur la santé : problèmes de peau, dengue, malaria, choléra, etc. provoqués par l’intrusion de la salinité dans l’eau.
Caritas Bangladesh collabore avec un institut gouvernemental, le Bureau de recherche sur le riz du Bangladesh, qui a inventé des variétés de riz, l’une tolérante à la salinité et l’autre résistante à la sécheresse. Comme nous sommes en contact avec un grand nombre d’agriculteurs, nous leur proposons d’essayer d’utiliser ces semences. Caritas Bangladesh développe aussi de petites technologies sur la question de l’eau, comme la récolte de l’eau de pluie, la mise en place de pompes à eau et de filtres dans les étangs. Nous avons également crée de nouvelles méthodes pour la culture de légumes, comme l’irrigation au goutte à goutte. Nous tentons ainsi d’assurer ainsi la sécurité alimentaire et prévenir la migration. »
Annette Chomba Malulu, responsable du programme de sécurité alimentaire et d’activités génératrices de revenus à Caritas Zambie
« La Zambie est fortement impactée par la sécheresse. Dans le sud, les fermiers et les communautés reçoivent seulement 500 à 600 millimètres d’eau. Ils sont donc contraints de quitter cette zone pour les régions du nord suffisamment pourvues en pluies. Nous sommes également touchées par des inondations qui affectent les récoltes. Ces inondations ont également lieu dans les zones périurbaines. Les résidents ne peuvent donc plus envoyer leurs enfants à l’école en raison de l’eau et ne peuvent pas non plus quitter leurs maisons pour aller au marché. Ils sont obligés de quitter leur maison et d’aller vivre ailleurs. Le gouvernement a d’ailleurs évacué environ 1000 familles en 2010. Comme il s‘agissait d’une entreprise trop coûteuse, les personnes ont du trouver un logement par leurs propres moyens.
Caritas Zambie a mis en place un programme de management des communautés touchées par des catastrophes naturelles. Nos membres discutent avec les communautés et leur communiquent les meilleurs moyens de réduire les risques. »
Sok Sakhan, en charge des projets de réponse aux catastrophes naturelles pour Caritas Cambodge
« Depuis ces deux dernières décennies, le Cambodge subit la sécheresse, les inondations, les tempêtes et les ouragans. Mais le plus difficile reste la sécheresse qui dure plusieurs mois. Par ailleurs, lors de la saison des pluies, les rivières débordent inondant les champs, les maisons et les routes. La population, qui vit à 80% de l’agriculture, ne peut donc plus cultiver convenablement. Certaines familles sont alors contraintes de vendre leurs terres et de migrer dans le district ou la province voisine, parfois même dans un autre pays, en Thaïlande, par exemple. La migration de ses personnes entraîne très souvent un trafic d’êtres humains : esclavage ou prostitution des femmes.
Caritas Cambodge a conçu un programme de développement intégré dans lequel nous avons incorporé le programme d’urgence en réponse aux catastrophes naturelles. Nous agissons également pour réduire l’exode rural et le trafic humain. Un programme de développement à destination des jeunes leur offre des formations afin qu’ils puissent chercher un travail et ainsi rester dans leur village. Caritas Cambodge essaye également de minimiser les impacts du changement climatique en développant des systèmes d’irrigation et en pourvoyant les villages de pompes à eau. »
Propos recueillis par Clémence Richard
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