À l’occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, impulsée par le Vatican, Caritas Internationalis se joint au Pape François pour attirer l’attention de l’opinion publique sur la tragédie souvent oubliée des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays (PDI). Caritas exhorte les gouvernements à fournir un accès inconditionnel aux services de base et un retour chez elles digne et sûr pour toutes les personnes déplacées dans le monde.
Le thème choisi par le Pape François pour la 106e Journée mondiale du migrant et du réfugié est « Contraints de fuir comme Jésus-Christ » afin de mettre l’accent sur la pastorale des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. Lisez le message du Pape François.
Internally Displaced Persons (IDP’s) arrive to take shelter next to the Cathedral on November 10, 2013 in Bossangoa, 380 km north of Bangui. Credit: Matthieu Alexandre
Aloysius John, Secrétaire général de Caritas Internationalis, déclare : « Partout dans le monde, Caritas Internationalis est en contact constant et direct avec ceux qui vivent la situation dramatique d’être déplacés dans leur propre pays. Ce sont des personnes livrées à elles-mêmes et privées de la protection juridique conventionnelle. En cette journée spéciale, nous voulons faire écho à leur appel à la justice en appelant à une action opportune et immédiate. »
Le Rapport mondial 2020 de l’Observatoire des situations de déplacement interne indique que fin 2019, on comptait 45,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays à la suite de conflits et de catastrophes dans 61 pays et territoires à travers le monde.
« Ce nombre est le plus élevé jamais enregistré », ajoute Aloysius John. « Mais malgré ce nombre croissant et l’urgence, jusqu’à présent, la situation dramatique des PDI n’a pas été traitée de manière adéquate au niveau international. »
Contrairement aux réfugiés, qui bénéficient d’une protection internationale, les PDI ne se voient pas accorder un tel cadre de protection juridique. Les PDI ne peuvent pas obtenir le statut de réfugié, ce qui leur donnerait un niveau élevé de protection internationale, car elles restent à l’intérieur des frontières de leur propre pays.
« Elles sont victimes de systèmes politiques non démocratiques et de désordres environnementaux qui conduisent à la faim, à la guerre et à la violence. Elles font partie des personnes les plus vulnérables de la planète et pourtant on leur refuse le droit fondamental de mener une vie digne », ajoute Aloysius John.
Les enfants déplacés à l’intérieur de leur pays, en particulier les jeunes filles, et les femmes sont encore plus vulnérables et font souvent l’objet d’exploitation, d’abus et de violences sexuelles.
Les organisations Caritas du monde entier ont embrassé la cause de ces personnes vulnérables en les accueillant, en les accompagnant et en les aidant à vivre une vie digne.
Au Honduras, par exemple, le soutien commence au sein de la paroisse Caritas, où les bénévoles sont mobilisés pour accueillir les personnes déplacées internes et les aider à s’intégrer dans la communauté locale, ainsi qu’à accéder à l’éducation et à la santé.
Au Burkina Faso, l’Ocades Caritas Burkina mène un projet pour faciliter l’intégration des mineurs déplacés à l’intérieur du pays.
« Nous sommes proches des personnes déplacées internes pour pouvoir les servir, comme le Pape François a exhorté chacun à le faire dans son message pour cette journée. Il a évoqué la parabole du bon Samaritain, dont la spiritualité est au cœur du travail de Caritas. Tous nos efforts visent à garantir la dignité des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays », déclare Aloysius John.
De nombreuses situations de déplacement interne se sont prolongées parce que les causes profondes des déplacements forcés ne sont pas traitées ou n’ont pas été résolues, par exemple dans les situations de conflit (en Syrie, en Colombie, en Ukraine) ou à la suite de catastrophes naturelles et de famines (en Somalie, au Burkina Faso et au Mali, aux Philippines) ou en raison du changement climatique, ou encore là où les conditions persistantes d’insécurité empêchent forcément les personnes déplacées internes de rentrer chez elles.
Nous ne pouvons pas continuer à fermer les yeux sur cette tragédie. En cette Journée du migrant et du réfugié, Caritas Internationalis exhorte les gouvernements et la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, et en particulier :
- à veiller à ce que les personnes déplacées internes aient un accès inconditionnel aux besoins fondamentaux, tels que la nourriture et l’eau, et aux services leur permettant de vivre une vie digne, en particulier en cette période de pandémie de Covid-19 ;
- à assurer un retour digne et sûr dans leur foyer pour ceux qui veulent et peuvent rentrer ;
- à accepter un cessez-le-feu mondial afin de suspendre les conflits, l’une des principales causes qui forcent les personnes déplacées à fuir.