Nouveaux arrivants à Bourj el-Barajneh, le camp palestinien le plus peuplé du Liban

Près de 20 000 réfugiés occupent le camp palestinien de Bourj el-Barajneh, au sud de Beyrouth. Copyright: Secours Catholique/Patrick Delapierre

Près de 20 000 réfugiés occupent le camp palestinien de Bourj el-Barajneh, au sud de Beyrouth. Copyright: Secours Catholique/Patrick Delapierre

Par Marina Bellot, Secours Catholique

Près de 500 000 Palestiniens vivent dans des camps au Liban. Depuis le début du conflit, les Palestiniens qui fuient la Syrie viennent grossir la population du camp de Bourj el-Barajneh, le plus peuplé du pays.

Il faut se faufiler dans un dédale de ruelles, certaines totalement plongées dans le noir, pour parvenir jusqu’au petit local qu’occupe l’association Who, soutenue par Caritas, qui aide les femmes les plus défavorisées du camp de Bourj el-Barajneh, au sud de Beyrouth. L’une des responsables de l’association nous guide dans ce monde sombre, humide et oppressant, à quelques encablures du centre huppé de la capitale.

C’est en 1948, lors de la création de l’Etat d’Israël, que les premiers Palestiniens en exil ont posé le pied dans ce quartier de la banlieue de Beyrouth. Année après année, la population a explosé avec l’arrivée successive des Libanais les plus pauvres, puis de Syriens, d’Egyptiens, d’Irakiens… Depuis le début du conflit en Syrie, de nouveaux arrivants viennent densifier encore le camp, qui abrite près de 20 000 personnes dans un périmètre d’à peine un kilomètre carré. Ici, l’eau n’est pas potable, et l’électricité ne fonctionne que quelques heures par jour. L’enchevêtrement spectaculaire de fils électriques nus menacent en permanence la vie des habitants. Il y a quelques mois, l’inévitable est arrivé : un enfant, un de plus, est mort électrocuté.
Le désarroi au quotidien

L’anarchie qui a présidé à la construction du camp fait aussi craindre le pire, tant les maisons délabrées sont empilées les unes sur les autres. Les habitants y sont privés de la lumière du jour. «  Regardez dans quoi on vit », s’indigne Rasmyeh, 64 ans, en montrant la petite fenêtre sans carreaux et les murs pelés par l’humidité. Depuis 5 mois elle habite ici avec ses trois filles, son fils et leurs enfants. Douze personnes au total, qui se partagent deux pièces sombres et froides. Avant d’emménager ici, ils vivaient dans le camp palestinien de Yarmouk, près de Damas, devenu le théâtre de violents combats entre opposants et partisans du régime. Bien sûr, ce n’était pas le luxe. Mais c’était chez eux, insiste Rasmyeh. Au Liban, dit-elle, tout est cher. Inaccessible. Quelques voisins l’ont bien aidée en la dépannant d’un tapis et de quelques chaises en plastique. Mais manger à sa faim tous les jours est une autre affaire. Depuis son arrivée ici, elle dit n’avoir reçu qu’un colis alimentaire du Hamas, et deux autres d’ONG. «  Les associations donnent aux Syriens, mais pas aux Palestiniens de Syrie, se désole Rasmyeh. Quand les enfants ont faim et que je ne peux pas leur donner à manger, ça me fait trop mal ». Ce désarroi, la population du camp, marquée par les conflits, minée par la pauvreté, découragée par l’absence de perspectives, le subit au quotidien. Fin 2008, Médecins sans Frontières a mis en place un programme d’aide mentale dans le camp, dont ont bénéficié plus de 1 000 habitants. Dépression, anxiété, psychoses, désordres bipolaires, troubles de la personnalité – autant de maladies fréquemment diagnostiquées par MSF.

Najham, comme tant d’autres ici, se sent « stressée ». La jeune fille de 20 ans, dont les cernes bleutées soulignent l’épuisement, est arrivée ici il y a trois mois, quand les combats se sont dangereusement approchés de sa maison en Syrie. Avec sa mère et sa sœur enceinte, elle a rejoint sa grand-mère Amira, qui habite le camp depuis 1948. « Je ne pourrai pas m’intégrer ici, tout est trop différent, estime Najham. En Syrie, j’allais au restaurant, dans les magasins. Ici je ne connais personne et on n’a pas d’argent pour sortir ». Alors, pour se donner du courage, elle pense à la Syrie. La vie qu’elle y a laissée. La vie qu’elle espère retrouver au plus vite.

Marina Bellot

Faire Un Don


Merci de votre don généreux à Caritas. Votre soutien rend notre travail possible.

Pray

Caritas brought together a collection of prayers and reflections for you to use.

Se Porter Volontaire

Les volontaires apportent une contribution cruciale à notre travail. Découvrez comment devenir volontaire.