Message pascal 2018 du cardinal Luis Antonio Tagle

Le cardinal Tagle nous invite dans un chemin de foi, d’espérance et d’amour avec les migrants

En cette période de Pâques, nous, à Caritas, souhaitons vous inviter à vous joindre à nous dans un chemin de foi, d’espérance et d’amour avec les migrants.*

Jésus a effectué beaucoup de voyages durant sa vie. Avant même de naitre, il est allé, dans le ventre sa mère, de Nazareth à Bethlehem. Ensuite, en tant qu’enfant réfugié, il est allé en Égypte. En tant que prédicateur, il parcourait les routes de Galilée. Et ce qui semblait être son parcours final fut celui du calvaire, deux lourdes poutres de bois entrecroisées sur le dos.

Photo par Paul Haring/CNS

Mais ce qui pour Jésus semblait être la fin du voyage n’était en réalité qu’un commencement. Sorti de sa tombe, Christ fait voler en éclat les frontières de ce que nous pensions savoir. Par sa résurrection d’entre les morts, Christ nous invite tous à faire rouler les pierres qui bloquent nos cœurs et notre imagination et à partager le voyage l’un de l’autre, en particulier avec les personnes les plus vulnérables, telles que les migrants.

En septembre 2017, le pape François a lancé notre campagne « Partager le chemin », et nous a invité à ouvrir nos cœurs à l’espérance, car c’est là ce quoi pousse les migrants à partir de chez eux. Mais elle est aussi présente dans le cœur de ceux qui les accueillent : « L’espérance est la poussée à « partager le voyage », parce que le voyage se fait à deux ; ceux qui viennent sur notre terre, et nous qui allons vers leur cœur, pour les comprendre, pour comprendre leur culture, leur langue. »

Peu après sa mort, Jésus est apparu à deux disciples sur la route d’Emmaüs. Tous deux étaient apeurés suite à la mort de leur maitre. Ils ne reconnurent ainsi pas Jésus avant qu’ils s’assoient ensemble pour partager un repas et qu’il rompe le pain.

Combien de fois par jour ne reconnaissons-nous pas Jésus dans les personnes que nous croisons ? Il se peut que nous soyons occupés ou distraits, ou encore que nous soyons renfermés dans la tombe de nos propres peurs et fausses idées.

Mais il y a des moments spécifiques dans nos vies où une vérité fondamentale doit nous être rappelée : nous avons été donnés les uns aux autres afin d’avoir quelqu’un avec qui partager notre chemin.

Un simple geste comme ouvrir les bras à quelqu’un signifie beaucoup de choses, car il touche différents niveaux de l’existence de l’homme. C’est là le geste que nous invitons les personnes à faire dans le cadre de la campagne « Partager le chemin ».

Je tends la main et si une personne se sent seule ou isolée, mon geste devient un geste de solidarité. Si je tends la main à une personne blessée, ce pourrait être un signe de guérison pour elle. Si je tends la main à une personne perdue, ça pourrait signifier que je propose de la guider. Si je tends la main à une personne qui croit que personne ne s’inquiète d’elle, c’est alors un signe d’amitié. Ce simple geste signifie différentes choses aux différentes étapes du voyage existentiel des personnes.

À la croix, Christ a accompli le geste ultime de main tendue aux autres. Il a ouvert ses bras et s’est vidé pour faire place à la volonté de Dieu.

Nul de besoin cependant de faire forcément des choses extraordinaires ou extravagantes pour faire la différence dans la vie des gens. De simples gestes, des gestes ordinaires, s’ils sont faits dans la sincérité, avec la lumière de la compréhension et de la compassion, peuvent faire de grandes choses.

Nous vous invitons tous à vous unir à nous et à faire de petits gestes de compassion envers les migrants que vous rencontrerez tout au long de votre journée. Nous vous invitons à voir Jésus dans le migrant et en vous-mêmes.

La semaine du 17 au 24 juin 2018, nous organisons une semaine mondiale d’action pour « Partager le chemin ». Vous pouvez vous unir aux organisations Caritas et aux migrants dans le monde entier pour les activités que nous organisons cette semaine-là. En particulier, tout comme Jésus et les disciples d’Emmaüs, nous vous invitons à partager un repas avec les migrants pour vous rappeler notre unité en tant que famille humaine mondiale et notre besoin les uns des autres.

Nous espérons qu’à travers ces petites actions de compréhension et de communion, nous allons créer une vague de solidarité mondiale qui balaiera les pierres qui nous bloquent et nous emmènera dans un voyage qui attise notre imagination. En mobilisant collectivement nos énergies au niveau mondial – migrants, réfugiés et communautés ensemble –, nous mettrons le feu au monde avec l’amour de Dieu.

*Pour Caritas, un migrant est une personne en déplacement, qui a besoin d’être accompagnée, soutenue et protégée. Nous utilisons ce mot « migrant » au sens large du terme pour notre campagne. Il peut s’agir de réfugiés ou de requérants d’asile. Ce sont des déplacés internes (au sein de leur propre pays) victimes d’un conflit ou d’une catastrophe naturelle, ou des personnes en quête de travail. Ils peuvent être adultes ou enfants, tout seuls ou en famille. Parfois aussi, ce sont des victimes de la traite humaine.