Séance de questions-réponses avec l’archevêque de la RCA, Mgr Dieudonné Nzapalainga

 L’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, lors d’une mission de paix en RCA en 2014, avec ses homologues musulman et protestant. Matthieu Alexandre / Caritas Internationalis


L’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, lors d’une mission de paix en RCA en 2014, avec ses homologues musulman et protestant. Matthieu Alexandre / Caritas Internationalis

La Interfaith Peace Platform, une plateforme interreligieuse pour la paix soutenue par Caritas, visant à mettre fin au conflit en République centrafricaine (RCA), est récipiendaire du prix Vieira de Mello 2015.

Sergio Vieira de Mello, représentant du Secrétaire général des Nations Unies, a été tué lors d’une attaque à la bombe contre les locaux des Nations Unies à Bagdad, le 19 août 2003. Tous les deux ans, un prix est remis à un individu, un groupe ou une organisation ayant fait quelque chose d’unique pour réconcilier les parties en conflit.

L’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, le président du Conseil islamique en RCA, l’imam Oumar Kobine Layama, et le président de l’Alliance évangélique, le pasteur Nicolas Guérékoyaméné-Gbangou partagent ce prix, remis lors d’une cérémonie à Genève, le 19 août, à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire.

Ravagée par la violence, la République centrafricaine a connu la pire crise de son histoire. La manipulation de la religion à des fins politiques dans le pays a causé la mort de centaines de milliers de personnes et envoyé un nombre tout aussi important sur les chemins de l’exil et du déplacement.

Alors que la guerre faisait rage, les trois chefs religieux ont agi ensemble pour faire face aux troubles croissants en République centrafricaine. Depuis, ils continuent de convaincre les musulmans, les catholiques et les protestants à éviter de nouvelles violences. Ils ont travaillé ensemble sans relâche pour restaurer le tissu social de leur pays en s‘attaquant aux causes profondes de la défiance jusque dans les villages les plus reculés.

Séance questions-réponses avec l’archevêque de la RCA, Mgr Dieudonné Nzapalainga

Nous avons eu un entretien avec Mgr Dieudonné Nzapalainga, qui est entre autres le Président de Caritas République centrafricaine.

La Peace Platform a-t-elle contribué à la prévention du conflit en République centrafricaine?

En effet, la Peace Platform a contribué à prévenir les conflits en République centrafricaine. Nous avons mis en garde la population contre la manipulation de la religion à des fins politiques. Nous avons dénoncé l’instrumentalisation de la religion. Nous sommes des gens qui ont recours à la parole et non pas à la force. Nous nous adressons aux consciences en laissant aux personnes la liberté d’effectuer leurs propres choix.

La Peace Platform a joué le rôle de sentinelle, voyant venir le danger afin de pouvoir alerter le public. Des hommes et des femmes nous ont dit que nos prises de parole ont évité le pire, sinon le chaos total.

Pourquoi est-ce important que la Peace Platform soit pluri-religieuse?

“Avec un seul doigt, on ne peut pas retirer les poux”, dit l’adage. Nous savons que l’union fait la force, aussi devons-nous dépasser le communautarisme pour rechercher l’intérêt national. Cette plateforme a été un lieu de parole, d’expression, d’accueil de l’autre dans sa différence. Nous conjuguons nos efforts pour chercher un consensus ; et en nous unissant malgré nos différences religieuses, nous montrons les atouts des uns et des autres comme protagonistes de solution à nos problèmes.

Quelle est la situation actuelle?

Les cœurs et les esprits s’apaisent progressivement. Les jeunes ont repris le chemin de l’école, les activités reprennent doucement, mais les groupes armés ont gardé leurs armes. Le désarmement prévu n’a pas encore commencé. Nous sommes assis sur des patates chaudes qui peuvent exploser à la première revendication. C’est une paix précaire. La capacité de nuisance des groupes est restée entière. Les gens se regardent en chien de faïence.

Quels sont les plans actuels de la Plateforme?

La Plateforme continue d’informer la population, de former des éducateurs à la paix, d’encourager des interventions non violentes en favorisant le dialogue entre les groupes religieux. La collaboration entre musulmans, catholiques et protestants est un symbole d’unité dans la diversité.

La Plateforme prépare des rapports à diffuser dans le pays pour soutenir le travail local et planifie des activités conjointes. De plus, elle s’implique dans le processus politique pour inciter au dialogue.

Quelle est la meilleure chose que la communauté internationale peut faire lors de crises comme celle qui touche la République centrafricaine?

La communauté internationale doit être impartiale. Il faut donner la parole aux acteurs locaux, les responsabiliser, et leur faire confiance. Elle doit prendre des initiatives en matière de prévention. Elle peut éviter les erreurs du passé en évitant d’imposer son propre programme.

Suivez la Journée mondiale de l’aide humanitaire sur hashtag #ShareHumanity.

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