Message de l’Avent du Cardinal Tagle 2019

Alors que nous commençons ensemble la période de l’Avent, je me rappelle nettement l’endroit où j’étais à cette époque l’an dernier.

J’étais au Bangladesh, avec la communauté de réfugiés de la Birmanie voisine. À l’époque, j’ai expliqué que j’étais là pour écouter les personnes du groupe ethnique des Rohingya qui avaient été forcées de quitter leur foyer avec une terreur et une violence extrêmes. J’ai expliqué que si nous les écoutons et que nous écoutons les réfugiés et les migrants partout ailleurs, nous verrons que leurs histoires sont les nôtres. Leurs souffrances et leurs rêves sont également les nôtres. Nous avons un parcours commun. Nous pouvons partager leur chemin.

L’Avent est un moment très spécial : une période de grand amour et de célébration, de pensée pour notre prochain et de croissance dans l’unité. L’Avent est aussi un temps d’attente, d’attente de l’avenir, comme les réfugiés avec lesquels j’ai passé la dernière période de l’Avent, et aussi d’attente de la venue de Jésus qui est lui-même devenu réfugié. Jésus est né pauvre, comme ces réfugiés, mais il ne cesse jamais d’aimer. J’espère qu’aucun de nous ne cessera jamais d’aimer.

Pour la troisième période de l’Avent consécutive, les sympathisants de Caritas travaillent dur pour plaider en faveur des migrants et des réfugiés dans le cadre de la campagne Partager le chemin. En ce temps de l’Avent, je me rappelle encore tout ce qui unit la Sainte Famille avec les personnes en déplacement aujourd’hui. Certaines d’entre elles ont été contraintes de quitter leur domicile, d’autres se sont heurtées au manque de place à l’auberge, au manque de sûreté et de sécurité. D’autres ont un bébé, né loin de chez elles et de leur famille.

Au cours de ses quatre semaines, l’Avent est aussi une période de grande créativité, lorsque Dieu le Créateur envoie son fils parmi nous pour nourrir l’unité et l’amour. L’Avent est une période de messes, de guirlandes aux belles tonalités. C’est une saison débordante de couleurs, de créativité et d’espoir pour la venue de Jésus.

Peu de temps avant l’Avent, Caritas a organisé sa Semaine d’action mondiale pour la campagne Partager le chemin, qui avait pour thème la créativité, l’utilisation de l’expression artistique pour soutenir la vision du Pape François d’une inclusion créative des migrants, des réfugiés et des communautés d’accueil.

En tant que Caritas, nous avons trouvé l’inspiration pour notre campagne en une jeune femme appelée Nasrin, qui travaille pour Caritas Bangladesh pour accueillir des enfants réfugiés et assurer leur sécurité. Par son travail et son amour, Nasrin est un témoin moderne des qualités de la mère de Jésus, Marie. Ce sont des qualités d’amour, de joie, de patience, d’humilité et de gentillesse. Comme beaucoup de personnes dans le monde qui soutiennent les migrants et les réfugiés, Nasrin marche humblement aux côtés des Saintes Familles d’aujourd’hui. Partager le chemin appelle les gens à vivre leur foi et à témoigner des valeurs de l’Évangile en marchant aux côtés des plus vulnérables.

Nasrin, qui travaille pour Caritas Bangladesh pour accueillir des enfants réfugiés et assurer leur sécurité. Photo de Ismail Ferdous / CRS

Cette année à Rome, je me suis joint aux collègues de Caritas du monde entier en collant des images de visages sur un collage géant pour créer une image du visage de Nasrin, drapé dans le voile bleu qu’elle porte pour travailler dans les camps de réfugiés. J’ai collé une photo de mon grand-père, envoyé aux Philippines alors qu’il était enfant pour échapper à la pauvreté en Chine. Le Pape François a collé une photo du mariage de ses parents d’origine italienne dans sa ville natale d’Argentine. Nos ancêtres migrants ont rejoint sur le collage des centaines de gens, certains riches, d’autres pauvres, certains connus, d’autres non, les uns des migrants ou des réfugiés, les autres des accueillants.

Les collègues d’Océanie de Caritas ont apporté une image de Behrooz Boochani, écrivain, réalisateur et défenseur des droits de l’homme kurde iranien, qui subissait alors une détention indéfinie depuis des années, après avoir été arrêté par les autorités australiennes alors qu’il tentait de s’y rendre en tant que réfugié. Behrooz vient d’être libéré, mais que peut-il maintenant considérer comme « chez lui » ? Son visage était sur le collage de Caritas lorsque celui-ci a été présenté au Parlement d’Aotearoa Nouvelle-Zélande, pendant la Semaine d’action mondiale de Partager le chemin.

Ce collage de créativité m’inspire et m’apaise, avec ses personnes littéralement collées et jointes en une seule, trouvant l’unité et l’amour. Il m’importe de voir le monde dans son ensemble plutôt que dans son individualité. Si l’on s’éloigne du collage, avec la distance, les visages individuels s’estompent. À leur place, il n’y a qu’un seul visage, représentant de la famille humaine, de nous-mêmes, enfants de Dieu, appelés à nous ouvrir à la créativité de l’amour de Dieu, dans l’unité et non pas séparés les uns des autres.

Le collage de Caritas me rappelle ce que le Pape saint Jean-Paul II a écrit dans sa Lettre aux artistes. « L’artiste vit une relation particulière avec la beauté. En un sens très juste, on peut dire que la beauté est la vocation à laquelle le Créateur l’a appelé par le don du talent artistique ».

Cela me rappelle aussi les paroles du Pape François.

« Dans sa venue, le Christ a porté avec lui toute nouveauté. Il peut toujours, avec sa nouveauté, renouveler notre vie et notre communauté, et même si la proposition chrétienne traverse des époques d’obscurité et de faiblesse ecclésiales, elle ne vieillit jamais. Jésus Christ peut aussi rompre les schémas ennuyeux dans lesquels nous prétendons l’enfermer et il nous surprend avec sa constante créativité divine. »

En cette période de l’Avent, rappelons-nous la venue de Jésus, de son chemin vers nous. Le Christ veut partager le chemin avec nous, comme il a été partagé avec nous par notre Dieu créateur.