Elias, de Caritas Syrie : « aider les personnes tout en traversant la même crise qu’elles »

Cela fait plus de trois ans qu’Elias Hamwi travaille pour Caritas Syrie en tant que coordinateur de projet à l’est d’Alep. Il nous fait part ici de ses réflexions sur les défis auxquels sont confrontés les Syriens et le personnel de Caritas, qui a lui aussi la vie dure dans ce pays déchiré par la guerre.

La vie est de plus en plus dure en Syrie. C’est le contraire de ce à quoi tout le monde s’attendait. Actuellement, la situation économique après dix années de conflit a paralysé la plupart des gens, en ce qu’ils n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.

Les personnes qui ont la chance d’avoir un emploi se rendent compte que leur salaire ne suffit plus à couvrir ne serait-ce qu’un quart de leurs frais mensuels en nourriture, hygiène, santé ou éducation. Les jeunes et les mères célibataires ne réussissent pas à trouver un emploi ou s’ils en trouvent, ils ne gagnent pas assez pour payer leurs factures.

La gravité de la situation économique est source de souffrances dans l’ensemble du pays. C’est à Hassaké, Homs, Alep, Hama et Damas, ainsi que leurs zones rurales voisines que les souffrances sont les plus grandes.

Photo by Caritas Syria

Ce qui m’inspire dans mon travail en tant que coordinateur de projet, c’est quand j’entends parler de toutes les personnes que Caritas a contribué à rendre moins vulnérables et qui ont pu avoir de meilleures perspectives grâce au travail de Caritas. Nous faisons de notre mieux pour rendre autonomes les personnes les plus vulnérables et leur donner les instruments de l’indépendance.

Mais il est très difficile de travailler en tant qu’agent humanitaire dans une crise à long terme. Nous-mêmes à Caritas, nous traversons aussi cette crise, tout comme les personnes que nous aidons. J’ai été déplacé à cause de la guerre, et je ne suis pas le seul dans mon cas à Caritas Syrie. Les problèmes sur lesquels nous aidons les personnes – comme la faim, le déplacement, les traumatismes – sont parfois des questions que nous avons-nous-mêmes affrontées. A certains moments, ça en devient insoutenable.

Quand nous nous rendons dans une nouvelle communauté pour l’aider, il nous faut du temps pour gagner leur confiance. Cependant, une fois que nous commençons à aider et que nous prêtons attention à leurs besoins changeants, nous commençons aussi à gagner leur confiance.

Photo by Caritas Syria

Photo by Caritas Syria

Certaines des personnes que nous servons me font venir les larmes aux yeux. On donnait par exemple des coupons à une femme âgée pour qu’elle s’achète des habits chauds pour affronter nos rudes hivers. Mais on a découvert qu’elle utilisait ces coupons pour acheter des vêtements d’enfants, et rien pour elle. Quand on lui a demandé pourquoi, elle nous a dit qu’elle avait trois petits-enfants à charge depuis que leurs parents avaient dû fuir. Elle nous a dit que le moins qu’elle puisse faire, c’était de faire en sorte qu’ils n’aient pas froid, même si cela signifiait qu’elle n’aurait pas d’habits chauds pour elle-même.

C’est pour nous un honneur que dans certains endroits dans les régions orientales, en particulier dans la zone couverte par le projet dont je suis responsable, ils nous appellent l’Association de Christ. J’imagine que c’est une expression claire de ce que notre travail signifie aux yeux des personnes que nous servons.

Chez Caritas Syrie, nous avons cherché ces dix dernières années à faire croitre notre professionnalisme au sein de l’organisation et à améliorer notre réponse humanitaire, de sorte que nous sommes bien plus capables de répondre le plus rapidement et efficacement possible aux besoins des personnes.

Elias

Mais quand je pense que nous fêtons le dixième anniversaire de la cette guerre, je me sens mal. Je préférerais d’ailleurs ne pas appeler cela un anniversaire, parce qu’à mon avis il y a encore une petite lueur d’espoir qu’on se réveille un beau jour et qu’on découvre que ce n’était qu’un vilain cauchemar.

J’ai espoir en un avenir meilleur pour la Syrie et pour le peuple syrien. J’espère aussi que nous en arriverons à un point où nous contribuerons à obtenir l’égalité en termes de genre, de religions et de classes sociales.

Alors que nous affrontons ce sinistre anniversaire, je ne peux que prier pour la pitié de Dieu, et qu’il nous donne la force d’affronter ces dures conditions avec un cœur reconnaissant et aimant.

Aider les enfants syriens à accéder à l’éducation, à la nourriture et à la santé

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