Les crises humanitaires à grande échelle au Liban nécessitent une mobilisation urgente, immédiate et efficace

Par: Karam Abi Yazbeck, Coordinateur Régional de Caritas MONA et Gabriel Hatti, Président de Caritas MONA

Le Liban, sa population, ses institutions et son existence-même sont en danger imminent. La situation humanitaire a atteint un niveau d’urgence sans précédent.

Aujourd’hui, les Libanais sont privés d’électricité, d’eau, d’essence, de médicaments, de pain et, dans plusieurs régions, d’Internet. Les plus grands hôpitaux du pays ont annoncé leur fermeture prochaine à cause de la pénurie de mazout, ce qui met en danger la vie des malades en dialyse ou en chimiothérapie, ceux qui souffrent de maladies chroniques ou qui ont besoin d’une intervention d’urgence, sans compter les malades de la COVID-19, et cela en pleine reprise de la pandémie.


Les coupures permanentes de courant empêchent toutes les activités quotidiennes, la reprise de l’enseignement scolaire ou universitaire, mais aussi, par exemple, le fonctionnement des appareils à oxygène ou celui des réfrigérateurs dans les supermarchés et les maisons, ce qui multiplie les cas d’intoxications graves et empêche tout stockage de nourriture.

Le lait pour enfants se vend au marché noir à des prix exorbitants, quand une boîte ou l’autre est disponible. Les salaires des deux parents ne suffisent plus à assurer la nourriture de la famille, sans compter le logement, la scolarité, la santé, les déplacements, etc.

L’inflation augmente tous les jours. Pour un salaire inchangé, les prix ont été multipliés par 20 en moins de 18 mois, dans une économie fortement dollarisée c’est-à-dire aussi dépendante de l’étranger : des importations, des autorisations, facilement paralysée par les restrictions, les décisions extérieures et les sanctions. Pour la première fois depuis la première guerre mondiale, les Libanais font l’expérience de la faim. Et de l’humiliation. Ils n’avaient jamais vécu cela, même durant les pires années de la guerre du Liban.

Photo by Caritas Lebanon

Photo par Caritas Liban

En effet, c’est depuis le mois d’octobre 2019 que le pays traverse une crise économique, financière et socio-politique à laquelle la pandémie de Covid-19 et l’explosion du 4 août 2020 à Beyrouth sont venues s’ajouter ; elle figurerait, selon la Banque Mondiale, parmi les 10, et plus probablement parmi les 3 crises les plus graves survenues dans le monde depuis le milieu du 19ème siècle.

Cette semaine, la situation s’est encore considérablement aggravée après que la banque centrale a décidé de mettre fin aux subventions des produits pétroliers, une décision qui entraînera sans doute la hausse des prix de tous les produits de base, alors que le pays est déjà en proie à l’hyperinflation et à la montée en flèche de la pauvreté.

Hier, le dimanche 15 août 2021, au moins 28 personnes ont été tuées et plus que 80 d’autres blessées dans l’explosion d’un réservoir d’essence camouflé, découvert la veille dans la région du Akkar, au Nord du Liban. Selon l’Agence Nationale de l’Information, l’explosion s’est produite alors qu’un grand nombre d’habitants s’étaient rassemblés autour du réservoir pour se procurer de l’essence.

Aujourd’hui, les Libanais sont dans une situation de colère et de rage, se sentant incapables de faire face au cumul de tous ces problèmes. Outre le nombre croissant de suicides, de violences et de crimes, la situation psychologique et mentale des citoyens se détériore de jour en jour.

Photo by Caritas Lebanon

Photo par Caritas Liban

Sans oublier que le Liban accueille encore plus d’un million de réfugiés, soit près d’1/5ème de sa population.

Devant cette urgence humanitaire, Caritas MONA lance un appel d’urgence maximale au gouvernement libanais, ainsi qu’à l’ONU, au Saint-Siège et aux gouvernements et organisations internationales. L’heure est à la mobilisation immédiate et radicale, pour répondre adéquatement à l’ampleur des besoins humanitaires et surtout pour traiter les causes de cet effondrement.

Il est vrai que la corruption et les stratégies économiques du pays ne pouvaient que mener vers la crise. Cependant les causes de cette crise sont multiples et, parmi elles, l’influence étrangère occupe une place prépondérante, ainsi que le manque de redevabilité ou reddition de compte, locale et internationale.

De par la nature de leur mission, les Caritas de la Région MONA n’agissent que sur un plan strictement humanitaire. Toutefois, en tant que Secrétariat Régional, et devant la mise en danger de la vie d’autrui, c’est pour nous un devoir de conscience de rappeler que dans le cas précis du Liban, la famine comme la crise économique, sanitaire et sociale sont utilisées dans les jeux de pouvoir, pour servir les intérêts politiques et économiques de puissances régionales et internationales. Ces dernières se servent entre autres des « sanctions », ou plus exactement des mesures coercitives unilatérales, pour faire pression sur les partis politiques afin d’obtenir des avantages régionaux, tout en sachant que ces mesures affectent et appauvrissent l’ensemble de la population. Ces pratiques s’opposent aux droits humains fondamentaux ainsi qu’à la loi internationale et à la morale.

Nous en appelons donc aux instances locales, régionales et internationales, légales et morales, afin qu’elles tentent tout ce qui est leur en pouvoir pour que cesse cette spirale mortifère.

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