Rétablir la santé des enfants au Venezuela

Surilma Urrieta est assise dans sa cour cimentée, berçant sa fille de 7 mois, Rosymar, qui boit son biberon. Le lait maternisé que contient le biberon est une précieuse ressource pour la famille qui connaît trop bien ce que c’est que d’en manquer. Il y a tout juste deux mois, Surilma a eu des difficultés pour nourrir non seulement Rosymar, mais aussi son frère jumeau Eduardo, qui sont tous deux nés prématurés.

Surilma a perdu son petit garçon suite à des complications de malnutrition. Avec l’aide de Caritas Venezuela, sa petite sœur jumelle se porte bien désormais. Photo par Caritas Venezuela

Comme beaucoup de Vénézuéliens, l’inflation galopante qui s’est élevée à 2,375 % a dévasté la famille de Surilma. « Après l’accouchement, j’ai allaité mes jumeaux », explique-t-elle. « J’ai perdu énormément de poids. C’était très difficile de trouver de la nourriture. Je mange bien souvent un morceau de pain, des fois des pâtes, mais de la viande ou des aliments comme ça, c’est difficile. Vous travaillez parfois une semaine entière pour gagner à peine de quoi vous payer un kilo de pâtes. »

Contrainte de réduire ses dépenses en nourriture, Surilma a commencé à manquer de lait. Les jumeaux ne prenaient pas de poids. Le peu d’argent qu’elle arrivait à rassembler servait à acheter des briques de lait, à 600 bolivars, soit deux fois son salaire hebdomadaire. « J’étais tellement perdue que je ne savais pas qu’il fallait acheter du lait maternisé », dit-elle. Même si elle l’avait su, ce lait coûte au moins 800 bolivars et il est quasiment introuvable. Le lait de vache a provoqué une inflammation à l’estomac de ses enfants, aggravant davantage leur état de santé fragile.

La coordinatrice de la Caritas locale, Mayra Cardosa, a entendu parler du cas et est entrée en contact avec Surilma. La ville d’Alianza, où vivent Surilma et sa famille, fait partie d’un réseau national de diocèses Caritas cherchant à créer un réseau de sécurité nutritionnelle pour les femmes enceintes et allaitantes et pour les enfants de moins de cinq ans.

Des rapports trimestriels témoignent d’une crise sanitaire publique grandissante où 68% des enfants montrent des degrés différents de malnutrition et où 48% des femmes enceintes sélectionnées présentent un risque de malnutrition.

Cardosa dirige des sessions hebdomadaires de suivi de poids où les enfants reçoivent des prescriptions de compléments et dans les cas les plus graves une attention médicale d’urgence. Les jumeaux de Surilma ont été admis le jour même. Eduardo, le plus faible des jumeaux, ne s’en est pas sorti.

Une petite fille est suivie pour un cas de sous-alimentation au cours d’une récente pesée dirigée par un diocèse de Caritas Venezuela.

Un réseau de sécurité nutritionnelle aide à combler les manques

« Le manque de nourriture est tellement plus important que l’année dernière », s’exprime Cardosa. « Les familles survivent grâce au yucca. Les gens commencent à avoir le teint jaune. » Tous les mois, les sessions de suivi montrent une hausse des cas extrêmes. En janvier, un total de 17 % d’enfants suivis ont été diagnostiqués de malnutrition sévère aigüe, soit une hausse de 3% par rapport au mois dernier.

La maigreur des enfants n’est pas la seule chose qui inquiète Cardosa. « Les enfants viennent nous voir avec des problèmes de peau et ils sont couverts de poux », dit-elle. « Ils ne disposent pas des produits hygiéniques de base. Un tube de dentifrice coûte 200 ou 300 bolivars. Comment les familles peuvent-elle s’en acheter alors qu’elles n’ont même pas à manger ? »

Cardosa s’inquiète de la vulnérabilité des enfants qu’elle voit vis-à-vis d’autres maladies, alors qu’ils n’ont pas accès aux mesures préventives basiques comme le savon. L’économie en déclin a paralysé le système de santé et provoqué des maladies que l’on pensait éradiquées pour de bon et qui ont refait surface de façon radicale. Des cas de paludisme et de typhoïde sont en hausse avec des réserves de médicaments minimales pour repousser la maladie.

Cardosa et son équipe travaillent toutes les semaines pour fortifier la santé des enfants d’Alianza. « Nous recevons les enfants avec un verre de lait et un peu de nourriture », dit-elle. « Nous donnons ce que nous pouvons. » Deux fois par mois, les cas les plus sévères sont inscrits au programme SAMAN pour recevoir des aliments thérapeutiques. Pendant quatre semaines, les participants au programme reçoivent des Nutrialimentos, des paquets d’aliments complets riches en lipides, en protéines et en vitamines et minéraux essentiels.

Cardosa dit que la différence entre les enfants qui commencent et ceux qui terminent le programme est remarquable. « Au début de leur inscription, c’est triste à voir », commente-t-elle. « Ils ne jouent pas bien. Ils ne sourient pas. Ils bougent à peine. Quand ils obtiennent leur diplôme, ce sont des enfants joueurs et rieurs. »

Une petite fille est suivie pour un cas de sous-alimentation au cours d’une récente pesée dirigée par un diocèse de Caritas Venezuela.


Surilma nourrit des rêves pour sa fille

Un total de 44 paroisses réparties dans 15 diocèses dans tout le Venezuela participent activement et davantage sont prêtes à venir s’ajouter.

« Après la perte de mon fils, j’étais dévastée », raconte Surilma. « Mais ils (Caritas Venezuela) m’ont dit qu’ils ne m’abandonneraient pas. Ces mots m’ont donné l’espoir que la même chose n’arriverait pas à ma fille. Je remercie Dieu tous les jours d’avoir mis Caritas sur mon chemin. »

Les joues creuses et les bras maigres de la fille de Surilma commencent maintenant à se renflouer, grâce aux livraisons régulières de lait maternisé et de paniers de nourriture donnés par la paroisse de l’Église Marie Mère et par Caritas Venezuela. « Quand je la regarde, mon cœur déborde de joie. La situation au Venezuela est difficile. Nos mains sont liées. Le peu que nous gagnons ne nous permet pas de manger. Il n’y a rien. »

Alors que sa petite fille tète le fond de son biberon, Surilma rêve de son futur. « Je dois mettre de côté ma tristesse pour mon fils et me concentrer sur elle », dit-elle. « Elle est toute potelée maintenant. Je veux qu’elle aille à l’école, qu’elle étudie et devienne quelqu’un de spécial. Je demande aux gens de continuer à soutenir ce programme. Ils m’ont tellement aidée. Nous ne mangeons pas bien au Venezuela. Grâce à ce programme, de bonnes actions sont faites, dans ce pays et dans le monde. »

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