La crise des Rohingya entre dans sa deuxième année

Comment Caritas vient en aide aux réfugiés touchés par les moussons et les coulées de boue

Histoires de Nana Anto-Awuakye/CAFOD et Inmanuel Chayan Biswas/Caritas Bangladesh
Photos de Nana Anto-Awuakye/CAFOD, Stefan Teplan/Caritas Allemagne et Ismail Ferdous/CRS

Une urgence dans l’urgence

Depuis le 25 août 2017, le nombre de réfugiés Rohingya au Bangladesh s’est élevé à près de 1 million.

La plupart des réfugiés à Cox’s Bazar vivent dans des abris de fortune construits en bambou ou sous des bâches. Certains sont posés sur des sols accidentés et sur des talus escarpés à 45 degrés.

Et maintenant, c’est le début de la saison des moussons.

« Les moussons ont commencé, on ne peut pas les arrêter. Nous devons être parés pour une “urgence dans l’urgence”. »

– Mazharul Islam, Coordinateur de réponse en situation d’urgences à Caritas Bangladesh.

Comment pouvez-vous aider la crise des Rohingya ?

Caritas aide les réfugiés à construire des maisons qui sont plus sûres pour affronter les moussons.

Pour en savoir plus, lisez l’article ci-dessous et aidez-nous à construire plus de maisons en faisant un don aujourd’hui.

Projet de Caritas Bangladesh : comment rendre un camp de réfugiés résistant à la mousson ?

Avec la saison des moussons qui s’annonce, Caritas Bangladesh, en collaboration avec le HCR de l’ONU, a piloté un projet innovant pour améliorer les conditions de vie des réfugiés.

Vous pouvez visionner la galerie défilante de photos pour voir les 9 mesures que Caritas a prises pour aider les personnes à se préparer à la mousson.

  • Step 1: Identify and move the most vulnerable refugees to safer areas of the camp...

    Photo: Ismail Ferdous/CRS

  • Step 2: Use aerial data to identify the land most at risk from flooding and landslides.

    Photo: Ismail Ferdous/CRS

  • Step 3: Recruit and train refugees as manual labourors.

    Photo: Ismail Ferdous/CRS

  • Step 4: Teach refugees to build strong shelters with sloping roofs and basic windows.

    Photo: Ismail Ferdous/CRS

  • Step 5: Terrace the slopes with bamboo to prevent mud slides.

    Photo: Ismail Ferdous/CRS

  • Step 6: Build bridges.

    Photo: Ismail Ferdous/CRS

  • Step 7: Build bamboo steps and sand bag paths.

    Photo: Ismail Ferdous/CRS

  • Step 8: Build concrete-lined drains and gender-segregated toilets.

    Photo: Ismail Ferdous/CRS

  • Step 9: Provide solar lights to make it safer to walk around the camp.

    Photo: Nana Anto-Awuakye/CAFOD

« Les personnes vivant dans le camp sont maintenant en sécurité et elles n’ont plus peur, car les abris ont été construits avec une technique adaptée aux catastrophes. »

– Sydul Islam, ingénieur Caritas

L’aide apportée par Caritas jusqu’à maintenant

7540familles relogées
62500familles approvisionnées en nourriture
24000lampes solaires distribuées

Une culture de l’amour

Regardez Atul Sarker, Directeur exécutif de Caritas Bangladesh, parler de comment Caritas aide les réfugiés rohingya en période de fortes précipitations. Il parle aussi de comment lui, lui-même réfugié par le passé, se sent devant l’une des plus grandes crises humanitaires du monde.

« Caritas diffuse la culture de l’amour, du soin et de la compassion envers les nécessiteux. »

– Atul Sarker, Directeur exécutif de Caritas Bangladesh

De nouveaux abris pour les plus vulnérables

Hamid Hussain, sa femme et leurs cinq enfants s’apprêtaient à quitter le Myanmar. La nuit précédant leur départ, Hamid raconte que cinq membres de l’armée sont entrés chez lui. Ils ont volé l’argent et les bijoux de la famille et ont commencé à tirer des coups de feu.

Une balle est venue se loger dans la jambe de Hamid. Deux autres ont tué ses fils Iman (30 ans) et Saiyid (17 ans). Les yeux emplis de larmes, il se souvient d’Iman :

« Mon fils aîné adorait parler. Je n’arrivais jamais à le faire taire. Une balle l’a réduit au silence pour toujours. »

Le reste de la famille s’est enfui et a rejoint le Bangladesh en pleine saison des moussons. « Il pleuvait des trombes d’eau. Des milliers de personnes se trouvaient sous la pluie », décrit Hamid.

Hamid a construit un abri en tiges de bambou et en bâches, mais il se trouvait sur une colline. Quand les pluies de la mousson 2018 se sont abattues, l’abri s’est effondré.

Sa femme et sa plus jeune fille sont tombées malades à cause des conditions d’humidité. Caritas a reconnu la famille comme des personnes vulnérables et les a déplacées dans l’un des nouveaux abris.

Caritas a également fourni à la famille des produits de base comme de la nourriture, de l’eau et des couvertures. Hamid explique : « Nous dépendons totalement des aides, car nous ne pouvons pas travailler. Si nous ne recevions aucune aide, nous irions au lit avec seulement un verre d’eau. »

Même s’il a beaucoup souffert l’année dernière, Hamid se sent rassuré par le fait qu’il y ait des personnes, comme les membres de l’équipe Caritas, qui les aident de leur mieux.

Hamid from Myanmar has received a new shelter from Caritas.

Hamid, du Myanmar, a reçu un nouvel abri de Caritas.

Impliquer les réfugiés Rohingya

L’implication des réfugiés constituait un point essentiel de ce projet. Le travail de préparation des abords et de leurs abris leur a donné un sentiment de dignité et de fierté.

Se sentir fier de soi

Hasina, âgée de 50 ans (en photo ci-dessus avec un voile couleur pêche) s’est désignée volontaire pour participer au projet. Elle raconte : « Je n’avais jamais utilisé ces outils-là auparavant », « mais les experts de Caritas nous ont montré ce qu’il fallait faire. La première fois que nous avons essayé, la pluie a traversé nos constructions. Puis nous avons corrigé nos erreurs, et la nuit dernière, l’abri est resté debout alors qu’il pleuvait. Je suis très fière. »

Discuter en travaillant

Nuznaher, âgée de 48 ans (en photo ci-dessus avec le voile jaune) explique : « Je suis très heureuse d’avoir su utiliser ces outils et d’avoir pu travailler sur ma maison, c’est un grand accomplissement pour moi. » Elle ajoute que le point positif de travailler ensemble sur les améliorations du site, c’est que les femmes ont pu partager leur histoire avec les autres. Les souvenirs éprouvants de la fuite des personnes vers la sécurité ne sont jamais loin.

Bishop Gervas Rozario, head of Caritas Bangladesh, at a Rohingya refugee camp.

L’évêque Gervas Rozario.

« Nous avons travaillé avec les communautés du camp pour les préparer elles, mais aussi leurs abris et les abords avant que la mousson ne s’abatte. Mais d’où proviendront les financements pour affronter la deuxième, la troisième ou la quatrième année ? Nous n’entrevoyons aucune solution politique dans un avenir proche. »

– L’évêque Gervas Rozario, Responsable de Caritas Bangladesh.

Caritas helped Nor from Myanmar to improve his shelter.

Nor et son fils menaient une vie confortable au Myanmar avant de devenir réfugiés au Bangladesh.

Avoir une raison d’être

Nor, 35 ans, se sent frustré de ne pas pouvoir travailler dans le camp. Il évoque à quoi ressemblait sa vie pour lui et sa famille au Myanmar :

« Au Myanmar, j’avais 4 vaches, 7 chèvres et 14 hectares de terrain. J’avais une maison en bois sur pilotis avec un toit en tôle. Je produisais beaucoup de sacs de riz, bien assez pour nourrir ma famille, et je vendais le surplus au marché à un prix correct. Je faisais pousser des légumes aussi, comme des piments. »

« Je m’occupais très bien de ma femme et de mes enfants. Je n’avais aucun problème à les nourrir et à combler leurs besoins. »

Nor a été honoré qu’on lui propose de consolider son abri. Cela lui a donné une raison d’être.

« Je connaissais la technique qui nous a été montrée et mes mains se sont bien débrouillées avec les matériaux. J’avais l’esprit occupé pendant que je travaillais. »

Mais les cyclones continuent de le préoccuper :

« J’ai vu ce qu’un cyclone pouvait faire », raconte-t-il. « Il soulève la maison, casse tout sur son passage et laisse une inondation derrière lui. Si un cyclone frappait ici, comment soutiendrions-nous nos maisons ? »

Améliorer les équipements sanitaires et de santé

Quand il pleut, une bonne hygiène est encore plus importante.

Plus tôt en 2018, il n’y avait pas de latrines ou de zones de lavage dans beaucoup de zones du camp de réfugiés de Cox’s Bazar. Les familles n’avaient d’autre choix que de faire leurs besoins sur les flancs de collines, car il n’y avait pas de latrines ou d’équipement de lavage. Quand il pleuvait, la boue descendait sur les flancs de collines, provoquant un risque sanitaire.

Rebeya, du Bangladesh, s’est engagée comme volontaire pour Caritas Bangladesh début 2018 et elle a travaillé sur l’amélioration des équipements sanitaires et de santé dans le camp.

La première fois qu’elle a visité le camp, Rebeya raconte qu’elle a été bouleversée par ce qu’elle a vu.

« J’avais un peu peur. C’était la première fois que je visitais un camp de réfugiés. Il y avait tellement de monde ! Quand j’ai vu leurs maisons, j’ai été choquée, elles étaient faites seulement en bambou et en [bâches] plastique. La première chose à laquelle j’ai pensé a été : comment font-ils pour survivre comme ça, dans de telles conditions ? »

« J’ai alors compris que mon rôle était vital. Une bonne hygiène, dans ces conditions difficiles, peut prévenir des maladies et sauver des vies. »

Rebeya s’est rendue auprès des femmes dans le camp et leur a parlé. Elle a gagné leur confiance, ce qui signifie que Caritas Bangladesh a pu planifier la construction de latrines que les femmes et les filles pourraient utiliser en se sentant en sécurité.

« Les femmes Rohingya sont très modestes et timides, et nous devons impérativement respecter cela, en nous assurant que les toilettes ont été construites à proximité des maisons et qu’elles ne portent pas de pancartes indiquant : réservé aux femmes et aux filles. Cela a fait une différence énorme pour les femmes et nous avons fait la même chose avec les zones de lavage. »

Rebeya ajoute :

« Je sais qu’un produit sanitaire n’est pas vital en soi, mais il est important, il est crucial de rendre leur dignité aux femmes et aux filles qui sont passées par de grandes souffrances. »

« Les femmes me disent que quand elles nous voient [Caritas Bangladesh], elles savent qu’elles ne sont pas oubliées. »

Mother and child in the rain at the Rohingya refugee camp.

Une femme et son enfant sous la pluie dans le camp des réfugiés Rohingya.
Photo : Ismail Ferdous/CRS

Caritas has built new latrines in the refugee camp.

Caritas a construit de nouvelles latrines dans le camp des réfugiés.
Photo : Ismail Ferdous/CRS

« Lorsqu’il se met à pleuvoir abondamment, cela crée un tas de problèmes : non seulement les glissements de terrain, mais aussi au niveau des latrines qui sont là. Elles deviennent inondées.

Cela provoque ensuite des maladies transmises par l’eau, des diarrhées, du choléra et des maladies comme ça. »

– Ferdinand Pereirra, Responsable de la Protection à Caritas Bangladesh

Aidez aujourd’hui la crise des réfugiés Rohingya

Vous pouvez aider les réfugiés Rohingya à construire des maisons qui sont plus sûres pour affronter les moussons.